En Côte d’Ivoire, l’Église catholique refuse des obsèques au grand-maître des francs-maçons

  • 10/02/2017
  • Source : Urbi&Orbi Africa
En Côte d’Ivoire, les obsèques de Magloire Clotaire Coffie, grand-maître des francs-maçons et de son acolyte Michel Georges Ghorayed divisent catholiques et orthodoxes.

Le 29 janvier, deux hommes perdaient la vie dans un accident sur la route reliant Yamoussoukro à Abidjan. Les pneus de la voiture ont crevé, et elle a fait plusieurs tonneaux tuant instantanément ses deux passagers : le grand maître des francs-maçons de Côte d’Ivoire, Magloire Clotaire Coffie, et Michel Georges Ghorayed, un autre « frère » franc-maçon.

Les deux hommes rentraient de la pose de la première pierre du temple qui doit porter le nom de Paumelie Coffie, le défunt frère de Magloire Clotaire.

L’histoire aurait pu se conclure par des obsèques catholiques classiques : Magloire Clotaire Coffie était, en effet, un habitué de la paroisse Notre-Dame-de-Bietry et Michel Georges Ghorayed fréquentait la Mission catholique libanaise d’Abidjan, à Adjamé.

Refus de l’Eglise catholique

Le P. Augustin Obrou, chargé de communication du diocèse d’Abidjan confirme le refus du cardinal Kutwa d’autoriser des obsèques catholiques pour les deux francs-maçons : « On ne peut pas être franc-maçon et catholique à la fois. Le fait que les deux défunts allaient à l’église n’y change rien. »

Mgr Ziad Sacre, curé de la Mission libanaise catholique d’Abidjan a suivi le cardinal Kutwa dans cette décision. Seule concession faite par l’Eglise catholique : les prêtres de la paroisse Notre-Dame de Bietry célébreront une messe d’action de grâce pour Magloire Clotaire Coffie, le dimanche 12 février. « Les messes d’action de grâce peuvent être dites pour n’importe qui », explique le P. Serge Lorougnon, jésuite. « Quelle que soit la religion du défunt, sa famille peut demander une telle messe. »

Accueil des orthodoxes

Les proches des deux défunts se sont finalement tournés vers les orthodoxes. C’est donc le P. Jérémie Behanzin, de l’Église orthodoxe grecque qui a animé la veillée funèbre des deux hommes, lundi 6 février, en présence de nombreuses personnalités politiques.

Lors d’une célébration liturgique à la paroisse grecque orthodoxe d’Angré-Château, le dimanche 5 février, le prêtre orthodoxe a justifié le choix des familles, affirmant que Michel Georges Ghorayed était orthodoxe mais, ignorant la présence de cette confession religieuse à Abidjan, il se rendait habituellement à la mission maronite.

Il ajoutait que son compagnon de route lors de l’accident avait toujours eu de la sympathie pour la religion orthodoxe mais n’avait pas pu intégrer la communauté avant son décès.

Lucie Sarr (à Abidjan)