Dialogue direct gouvernement-Fpi / Dano Djédjé clarifie les positions de son parti : ‘‘Ceux qui vivent avec nous en Côte d’Ivoire doivent participer au dialogue pour qu’on sorte de là un consensus national’’

  • 26/09/2013
  • Source : L'Intelligent d'Abidjan
Le dialogue direct Gouvernement-Fpi a repris mardi. La délégation du Fpi était conduite par le vice-président Sébastien Dano Djédjé. Du côté gouvernemental, c’est le ministre d’Etat Jeannot Ahoussou qui a conduit les débats. Les deux parties se sont quittées en prenant rendez-vous la semaine prochaine.

Jeannot Ahoussou au sortir de l’audience a relevé que le gouvernement était disposé à analyser toutes les propositions pour faire avancer les choses. Mais à l’entame, Dano Djédjé pour le compte du Fpi a fait un discours liminaire dans lequel il a rappelé la bonne volonté de sa volonté à s’investir dans la réconciliation. Pour mieux comprendre le contenu de son discours, l’IA s’est entretenu avec lui au téléphone

Vous reprenez langue avec le gouvernement avec cette fois le président Affi N’guessan libre. Certains se disent qu’il aurait pu être là pour donner plus de consistance à la délégation. Pourquoi était-il absent ?
Pourquoi d’habitude quand je dirigeais la délégation on ne posait pas la question ?

Mais cette fois Affi est libre de ses mouvements. Pourquoi pas lui ?

Nous sommes organisés et moi mon rôle dans le parti, c’est de m’occuper des questions de réconciliation. C’est pourquoi là où il est question de réconciliation je suis là. Affi n’est pas allé parce qu’il n’avait pas le temps et m’a demandé de conduire la délégation de haut niveau composée de vice-présidents et de secrétaires généraux adjoints.

Il ne refuse donc pas le dialogue comme on entend dire ?

Il n’a pas refusé le dialogue ! Que ce soit Affi ou quelqu’un d’autre, c’est le Fpi qui est allé à cette rencontre. Nous ne vénérons pas des individus. Nous sommes une structure et il y a quelqu’un devant elle qui s’appelle Affi N’Guessan comme hier il y avait au devant Laurent Gbagbo qui est aujourd’hui à La Haye et qui ne peut pas être là. C’est donc Affi qui m’a désigné comme il peut désigner quelqu’un d’autre demain.

Que voulez-vous qu’on retienne de votre propos liminaire face au Premier ministre Ahoussou hier ?

Il y a trois idées là-dedans. La première idée, c’est l’affirmation de notre participation au dialogue direct pour régler les problèmes et les conséquences de la crise. La deuxième idée, nous avons des dossiers transversaux. Ce sont les grands dossiers comme la constitution, le foncier, la nationalité, la laïcité… pour ces grands dossiers, deux groupes d’individus ne peuvent pas trouver des solutions. Et nous préférons qu’on élargisse le débat. C’est ce que nous avons appelé « les états généraux de la République » pour que toutes les forces vives de la nation viennent débattre pour trouver des solutions à nos problèmes une bonne fois pour toute. La troisième idée est que nous ne sommes pas membre du Cpd. Il faut que cela soit su une bonne fois et qu’il n’y ait plus de confusion sur cet aspect.

Est-ce un forum bis, ces états généraux que vous proposez ?

Vous pouvez appeler ça comme vous voulez mais nous l’appelons « états généraux de la République » pour lui donner un caractère républicain. Là-dedans on débattra de tout ce qui concerne les ivoiriens dans leur ensemble. Et même ceux qui vivent avec nous en Côte d’Ivoire et tous ceux qui ont des intérêts en Côte d’Ivoire doivent y participer pour qu’on sorte de là un consensus national.

Que reprochez-vous au Cpd au point de ne pas vouloir y être associé ?

Nous l’avons expliqué à l’époque et je ne veux pas revenir là-dessus. Seulement le Fpi est en dialogue direct avec le gouvernement qui a commencé en 2013. Et il faut éviter la confusion avec le Cpd.

Un de nos confrères vous interpellait ce matin (ndlr : hier mercredi) avec ce titre : « Fpi Ouattara vous donne tout. Que répondez-vous ? ». Quelle est votre réaction à tout ce qu’on vous donne?
Je demande à ce confrère de me citer tout ce que Ouattara nous a donné. Ce que je veux dire, c’est que, dans les conditions qui sont les nôtres, ce n’est pas nous qui donnons. C’est le pouvoir qui donne. C’est celui qui en a qui donne. Nous, opposition, nous n’avons rien. Nous sommes tous au chômage, on a même été vidés de nos postes de travail. Ce n’est donc pas nous qui donnons. C’est Ouattara qui doit donner. C’est lui le président de la République. Donc si jamais il avait donné c’est tout à fait normal. Tout comme nous avions donné hier quand nous étions au pouvoir. C’est le rôle de l’Etat que de donner. Gbagbo a tout donné hier, aujourd’hui c’est Ouattara qui doit tout donner.

Un de vos militants de France demandait hier dans nos colonnes au président Affi des comptes pour sa gestion. Est-ce qu’au Fpi le débat se pose en ces termes aujourd’hui ?

Ce débat n’a pas lieu d’être. Le Fpi est une organisation où nous avons des cadres pour débattre de tous nos problèmes. C’est par exemple le comité de base, la section, la fédération, le secrétariat général et au sommet le comité central. Ce sont des structures où nous débattons. Chacun peut donner son point de vue mais cela se fait dans un cadre formel. Pour l’instant le cadre utilisé n’est pas formel. Parce qu’il s’agit d’un cadre qui s’est levé pour donner son opinion. Cela n’engage que lui et je ne commenterai pas ses propos.

Par S.Debailly