Dégel des avoirs des pro-Gbagbo : Comment le FPI veut noyer le poisson

  • 07/04/2014
  • Source : Le Patriote
“Il s’agit d’une vieille liste ». C’est ainsi que le conseiller en communication du président du FPI a qualifié, samedi dernier, la liste publiée jeudi dernier par le Parquet. Par la voix de M. Franck Anderson Kouassi, le FPI estime que cette liste est « faux grossier ».

Car, la liste en question serait truffée de personnes décédées et de personnes dont les comptes auraient été dégelés depuis 2012. « A part sept nouvelles personnes concernées par cette décision, toutes les autres ont vu leurs comptes dégelés depuis 2012 », précise-t-il.

Et de rappeler que certains parmi les personnes ont d’ailleurs regagné le camp du pouvoir. Avant lui, vendredi dernier, son patron, le président du FPI, Pascal Affi N’Guessan, a jugé « insuffisant » la mesure prise par le Parquet. Pour lui, il aurait fallu procéder une fois pour toute au dégel des avoirs de tous ceux qui sont frappés par cette décision qui serait, à ses dires, près de 300 personnes.

A y regarder de près, le FPI voudrait noyer le poisson qu’il ne s’y prendrait pas autrement. L’argumentaire utilisé par Affi N’Guessan et son conseiller ne tient pas la route. Y a-t-il eu dégel des avoirs ou pas ? Là est le vrai débat. Au demeurant, on peut concéder au FPI que la liste publiée n’a pas atteint ses attentes. Mais de là à chercher à minimiser l’acte posé par le Gouvernement par le truchement du Parquet, relève de la mauvaise foi.

Cette mauvaise foi manifeste transpire dans le premier argument avancé par l’ex-parti au pouvoir. La présence de Jean-Baptiste Gomon Diagou, ancien maire FPI de Cocody et Jean-Claude Atsé, ancien président du Forum des jeunes du PDCI qui s’est rallié à Laurent Gbagbo, pendant la crise postélectorale, n’enlève en rien l’authenticité de la liste. Ce n’est pas parce que ces personnalités sont décédées que le dégel de leurs avoirs n’a aucune portée.

Que fait-on au FPI des ayants-droit qui attendent depuis des mois cette heureuse nouvelle ? Mais au parti de Laurent Gbagbo a-t-on vraiment le souci des autres ? Assurément pas. Tout doit se résumer en termes de stratégies et de calculs politiciens pour la conquête du pouvoir, coûte que coûte. Le deuxième argument brandi par le FPI pour dénier tout mérite à la décision du Gouvernement est la nouvelle coloration politique de certaines personnalités présentes sur la liste.

« Feh Kessé Lambert, Siki Blon Blaise... qui sont maintenant des militants du RDR (Rassemblement des Républicains, parti de M. Ouattara) et Félix Tyéoulou Dyéla lui aussi devenu pro-Ouattara », ose dire le conseiller en communication de Pascal Affi. Mais ce qu’oublie de mentionner Franck Anderson Kouassi, c’est que ces personnalités, au moment du gel de leurs avoirs, étaient proches de l’ancien président de la République.

Mais si aujourd’hui, comme il le dit, elles sont au RDR, il n’en demeure pas moins vrai qu’elles faisaient partie de la « short list » des personnalités à qui l’on avait reproché le fait d’avoir soutenu la conspiration postélectorale de 2010. En outre, le FPI avance un chiffre de près de 300 personnalités concernées par la mesure du gel des avoirs. Que le FPI sorte alors cette liste pour que l’on vérifie son authenticité.

Car il n’y a pas plus manipulateur que les dirigeants du parti de Laurent Gbagbo, qui ont habitué les Ivoiriens à des énormités sans en apporter la moindre preuve. D’ailleurs, au cours de sa conférence de presse mercredi dernier, après le Conseil des ministres, le porte-parole du Gouvernement n’a pas manqué de le souligner.

Le ministre Koné Bruno a relevé des chiffres « contestables » et « farfelus » du FPI au sujet du dégel des avoirs des pro-Gbagbo. Pour lui, « les dégels des avoirs ont été faits ». Il appartient donc au FPI qui avance le contraire d’en apporter la preuve. Au total, les dernières sorties du FPI démontrent que Pascal Affi N’Guessan et ses amis sont à court d’arguments. Malheureusement, pour eux, il n’est pas facile de noyer le poisson. Surtout quand l’évidence saute aux yeux. 
 
Jean-Claude Coulibaly