Crise ivoirienne / Bombardement de Bouaké: Des généraux français font de graves révélations

  • 28/10/2013
  • Source : L'Inter
Le bombardement du camp français de Bouaké pendant l'opération '' Dignité '' lancée en novembre 2004 par l'armée ivoirienne contre les positions de la rébellion, n'a pas fini de livrer ses secrets.

Neuf (9) ans plus tard, des langues, et non des moindres, se délient et font des révélations sur cet événement qui a durement secoué la vie politique nationale. Il s'agit de six (6) généraux français, dont le général Bentégeat, ancien chef d'état-major de l'armée française, et l'adjoint du général Poncet, patron de la force française Licorne au moment des faits. Ils ont été interrogés du 16 au 22 octobre dernier par la juge d'instruction, Kery en charge de l'affaire.
 
La magistrate française, qui prévoit d'entendre également l'ex-président Laurent Gbagbo comme témoin dans cette affaire, a eu droit à une série de révélations pendant l'audition des généraux français. Comment et pourquoi les blindés français se sont retrouvés à proximité de la résidence de Laurent Gbagbo ? Pourquoi la base militaire française  de Bouaké a-t-elle été bombardée ? Qui a donné l'ordre ? Des questions qui trouvent leurs réponses dans les révélations faites par ces généraux et à paraître aujourd'hui dans le journal panafricain Jeune Afrique (JA).

Levant un coin du voile hier dimanche 27 octobre, sur les antennes de Rfi, François Soudan, le directeur de la Rédaction de JA, souligne  que le général Bentégeat décline toute responsabilité dans les événements de novembre 2004. « Il affirme n'avoir pas participé au conseil restreint (de guerre) à l’Élysée. Normalement, il devait y être ». Pourquoi n'y a t-il pas été associé ? Le mystère demeure. Autre révélation, celle faite par le général Renaud de Malaussène, l'adjoint du général Poncet à la tête de la force Licorne.
 
Parlant du bombardement du camp français de Bouaké, cet officier général fera savoir, révèle JA, qu'il s'agissait « d'un projet politique qui visait à mettre Ouattara en place et dégommer Gbagbo ». Il  ajoute que « Laurent Gbagbo n'a jamais voulu bombarder le camp de Bouaké, ni tuer un soldat français », contrairement à ce qui a été dit. « Quelqu'un dans son entourage a pris cette décision sans le lui dire. La mouvance Gbagbo est tombée dans un piège », précise le général Malaussène. Des révélations sur les événements de novembre 2004 qui tendent à disculper l'ancien patron du pouvoir d'Abidjan, Laurent Gbagbo, pourtant accusé d'avoir tué des soldats français.

L'on se souvient en effet que le 6 novembre 2004, alors que les bombardiers Sukhoï de l'aviation ivoirienne avaient réussi avec brio des frappes dites « chirurgicales » destinées à détruire les armes de la rébellion, et partaient pour les dernières frappes, une bombe va se retrouver dans le camp militaire français. L'explosion causera la mort de huit soldats français et un civil américain.
 
En représailles, Paris a ordonné la destruction systématique des aéronefs ivoiriens. L'armée de Côte d'Ivoire est neutralisée, la capitale Abidjan, cœur du pouvoir central, est sous contrôle des soldats français. Une colonne de blindés de la force Licorne se retrouve à quelques pas de la résidence présidentielle à Cocody. On croit alors à la fin du régime de Laurent Gbagbo, quand un bouclier humain, constitué de jeunes patriotes conduits par Charles Blé Goudé, fait barrage à l'expédition française, sauvant ainsi le régime de la Réfondation. On dénombrera plusieurs morts et de nombreux blessés dans cette confrontation entre les jeunes patriotes et l'armée française. Neuf ans après cet épisode douloureux de la crise ivoirienne, la vérité commence à se savoir.
 
 
 
H. ZIAO