Crise de l’agrobusiness : une "escroquerie" qui plombe près de 40 000 Ivoiriens

  • 11/02/2017
  • Source : Observateurs France24
L’État ivoirien a gelé les comptes bancaires de 27 sociétés d’agrobusiness à la mi-janvier, les accusant d’"escroqueries". Officiellement, ces sociétés gèrent des plantations dont les rendements sont censés être très élevés, permettant ainsi de dégager d’importants profits.

Près de 40 000 Ivoiriens avaient donc investi dans ces sociétés. Ces dernières ne pouvant plus leur verser d'argent, nombre d'entre eux se retrouvent désormais confrontés à de graves problèmes – notamment financiers.

Certaines sociétés d’agrobusiness opèrent dans le pays depuis 2008. De nombreux Ivoiriens ont indiqué à France 24 avoir placé leurs économies dans ces sociétés en raison d'un retour sur investissement (RSI) particulièrement important. Nombre d’entre eux ont expliqué avoir fait confiance à ces sociétés dans la mesure où celles-ci ont elles-mêmes bénéficié de la confiance des autorités durant des années.

Par ailleurs, leur fonctionnement leur paraissait viable, puisque les RSI avaient toujours été versés depuis 2008. Beaucoup de souscripteurs avaient notamment investi dans Monhevea.com, une filiale d’Agronomix SA, l'une des plus anciennes sociétés.

"Un vaste système d’escroquerie des populations"

Mais la machine a commencé à se gripper en septembre dernier. Alertée au sujet du volume des transactions financières réalisées par ces sociétés, la Direction du trésor a ordonné la réalisation d’une étude. Un groupe de travail a été mis en place, qui a publié son rapport fin janvier.

Le texte indique que les personnes ayant investi dans ces sociétés bénéficieraient d’un RSI compris entre "300 et 1000 %", des taux éveillant la suspicion des autorités. Selon ce rapport, les RSI ne proviendraient ainsi pas "des revenus issus de la vente des récoltes mais plutôt des nouvelles souscriptions", ce qui traduirait "la non-viabilité du modèle".

Il s'agirait donc d'un système "pyramidal", un montage financier interdit dans de nombreux pays, consistant à attirer toujours plus d'investisseurs pour financer le système.

Le rapport pointe également du doigt le décalage "entre le nombre de souscripteurs et les surfaces cultivées", des "publicités mensongères" ou encore le risque de blanchiment d’argent associé aux activités de ces sociétés. En clair, ces dernières auraient "organisé un vaste système d’escroquerie des populations".

Arrestations et gels de comptes bancaires

Outre la publication de ce rapport, huit directeurs de sociétés d’agrobusiness ont été arrêtés au mois de janvier. Les comptes bancaires de 27 sociétés ont également été gelés, sur ordre du procureur de la République, ce qui a provoqué des manifestations de souscripteurs dans le pays, notamment les 23 et 25 janvier, et le 3 février.

Des manifestants soutenant les sociétés d'agrobusiness à Abidjan, le 23 janvier. Photo prise par Aimé Survivecrown.

Du gaz lacrymogène a été tiré en direction de manifestants qui dénonçaient le gel des comptes bancaires des sociétés d'agrobusiness à Abidjan, le 3 février...