Côte d’Ivoire : une ONG défendant les homosexuels attaquée à Abidjan, son siège protégé par la police

  • 04/02/2014
  • Source : AFP
Des policiers protègent l’ONG Alternative Côte d’Ivoire à Abidjan, qui défend les droits des homosexuels et dont les locaux ont été saccagés et pillés fin janvier par des manifestants homophobes, a constaté lundi l’AFP.

Au moins deux policiers sont en faction derrière les murs de la maison peinte en bleu et rouge, qui a été assiégée par des dizaines de casseurs le 25 janvier dernier, d’après un rapport d’Alternative que l’AFP a pu consulter lundi.
 
"Tout ce qu’ils n’ont pu piller, ils l’ont saccagé", a remarqué Claver Touré, le président d’Alternative, qui déplore le vol d’ordinateurs, de climatiseurs, de vidéoprojecteurs, ou encore de nourriture -riz et sardines- destinée aux séropositifs qu’aide l’organisation.
 
Des photos prises par l’ONG montrent des portes du bâtiment défoncées, des sanitaires et des vitres brisés, des cartons renversés, etc. ainsi qu’une affiche homophobe déposée dans le jardin de la maison.
 
L’agent de sécurité protégeant le site a eu le nez cassé et souffre de problèmes aux yeux, selon M. Touré.
Les casseurs, qui ne venaient pas du quartier assez aisé de Cocody-Angré, où est basée l’association, "ont tout emporté sauf les préservatifs", a observé le président d’Alternative, une association s’occupant également de prévention des maladies sexuellement transmissibles.
 
L’encadrement administratif d’Alternative travaille désormais hors des lieux, auxquels il n’a plus l’accès le temps de l’enquête policière, alors que "les activités continuent sur le terrain", a-t-il poursuivi.
Contactée, la police n’était pas disponible pour répondre aux questions de l’AFP.
 
"C’était le fait d’individus isolés. Une plainte a été déposée. La justice suit son cours", a observé une source diplomatique.
L’affaire Alternative avait débuté comme une violente querelle de voisinage entre Claver Touré et les autres habitants de la petite cité tranquille où il venait d’emménager, à proximité du siège de l’ONG.
 
La Côte d’Ivoire, où aucune loi n’interdit l’homosexualité, est généralement reconnue pour sa tolérance à ce sujet, au contraire de la plupart des Etats africains.
Dans un éditorial samedi, le quotidien Notre voie (proche de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo) qualifiait toutefois Alternative de "gangrène". Les Ivoiriens "ne doivent pas accepter les homosexuels qui dépravent notre jeunesse", affirmait ce journal.
 
jf/sd