Il ne se passe plus de semaine sans que la Plateforme de lutte contre la cybercriminalité (PLCC) affiche sur sa page web, le ou les noms des cybers escrocs mis aux arrêts. L’enjeu en vaut la peine : sécuriser une économie florissante.
Au cours du premier semestre de l’année 2014, 37 personnes mêlées à des affaires d’arnaque, de fraude sur compte mobile, de commande avec fausses promesses d’achat, etc. ont été interpellées. Parmi elles, 20 sont derrière les barreaux. Et la traque se poursuit.
Avec des partenaires de poids pour la PLCC : le FBI, les services de polices français, belges et suisses. Déjà, entre 2009 et 2013, la détermination des autorités avait permis de mettre hors d’état de nuire plus de 170 criminels.
L’urgence d’une réponse technologique
Mais si les cybers escrocs, une fois interpellés, sont brandit sur la Toile, tels des trophées, c’est bien parce qu’ils constituent une menace permanente pour l’économie et la société ivoiriennes. Alors que le pays renoue avec la croissance et que les investisseurs affûtent leurs arguments pour saisir au bond les opportunités d’affaires, ce n’est pas le moment de laisser des individus cachés derrière des écrans d’ordinateurs, saboter les efforts accomplis.
Enquêtes judiciaires portant sur les infractions visant ou utilisant des systèmes informatiques, et portant également sur les modes de traitement, de stockage et de transmission de l’information ; monitoring quasi-permanent sur les services en ligne et les sites web d’une centaine d’entreprises ; patrouilles virtuelles. Autant d’actions qui dénotent de l’urgence d’une réponse technologique et juridique contre l’évolution du phénomène telle que constatée depuis des années.
Comme à la guerre
En 2010, le pays en avait été durement frappé, avec une perte évaluée à plus de 14 milliards de FCFA. La charge a été vigoureuse. Mais elle n’a pas ébranlé la volonté des enquêteurs. 2012 : 3 milliards 300 millions de FCFA ; 2013 : 3 milliards 600 millions de FCFA. Premier semestre de l’année 2014 : 1 milliard 500 millions de FCFA (source : rapports annuels du Centre ivoirien de réponses aux incidents informatiques, CI-CERT).
Un retournement d’autant plus spectaculaire que la détermination du gouvernement, pour l’établissement d’un écosystème moderne et compétitif en matière de TIC, avait été saluée au sein de la communauté internationale.
Pour franchir ce palier, la PLCC n’a pas lésiné sur les moyens. Quitte à durcir la répression. Et à se montrer plus ferme. Par exemple, avec les établissements financiers, plus spécifiquement les maisons de transfert d’argent, où transite une bonne partie du butin des cybers escrocs. Ce qui a eu pour conséquence de pousser les cybercriminels à changer de méthodes. Délaissant au passage les infractions classiques telles que les arnaques aux faux sentiments.
Pour de nouveaux types d’infractions liées aux moyens de transfert par «mobile money» et autres nouveaux outils TIC, tel que la fraude à la Simbox et le détournement de transfert d’argent. Dans le bilan partiel (janvier-juin 2014) des activités de la PLCC, le Commandant Guelpetchin Ouattara, Directeur de l’Informatique et des Traces Technologiques (DITT), faisait remarquer que «cet indicateur souligne indiscutablement la migration de l’activité cybercriminelle vers un nouveau marché en plein boom en Côte d’Ivoire».
De quoi interpeller les agents de la PLCC, à plus de vigilance. Afin d’éviter à la Côte d’Ivoire des pertes financières de plusieurs milliards de FCFA, des pertes d’emplois par centaine et, par ricochet, des points de PIB en moins pour le pays.
Anselme Akéko
Cdt Guelpetchin Ouattara, directeur de l’Informatique et des Traces Technologiques (DITT)