Côte d’Ivoire: l’ONU veut la fin de l’impunité des dozos, chasseurs traditionnels, accusés de meurtres

  • 06/12/2013
  • Source : AFP
ABIDJAN, La mission de l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci) a réclamé vendredi la fin de l’impunité pour les dozos, ces chasseurs traditionnels souvent liés au régime ivoirien, qui ont fait des centaines de victimes ces dernières années.

Entre mars 2009 et mai 2013, les dozos ont tué au moins 228 personnes et en ont blessé 164, alors qu’ils ont arrêté ou détenu illégalement 162 victimes, selon un rapport de l’Onuci, qui a recensé 274 cas de pillages commis par des dozos.
 
D’après Eugène Nindorera, chef de la division des droits de l’Homme de l’Onuci, il y a même eu "beaucoup plus de victimes" que les chiffres donnés dans le rapport.
 
"En agissant de cette manière, les membres de la confrérie des dozos ont violé des normes internationales et certaines dispositions de la Constitution ivoirienne", selon le rapport de l’Onuci lu vendredi.
 
"Les autorités ivoiriennes compétentes ont l’obligation de (...) rendre justice aux victimes des crimes commis par les dozos et de s’assurer que tous ceux qui ont été impliqués soient traduits en justice", d’après ce texte.
 
Les dozos, issus à l’origine du nord de la Côte d’Ivoire, ont combattu aux côtés d’une rébellion favorable à Alassane Ouattara, lui-même originaire du Nord, contre les forces loyalistes de l’ex-président Laurent Gbagbo.
 
La Côte d’Ivoire, coupée en deux et soumise à des violences de 2002 à 2011, a connu un embrasement en 2010-2011, à la suite d’élections remportées par M. Ouattara, et dont M. Gbagbo refusait les résultats.
 
Plus de 3.000 personnes ont alors péri.
 
Les dozos, dont le nombre est évalué à 50.000, chasseurs traditionnels dotés selon la légende de pouvoirs mystiques, qui les rendent invincibles en leur permettant d’arrêter les balles, assistent encore les forces de sécurité ivoiriennes dans certaines régions du pays.
 
Parfois, "les dozos comblent le vide des forces de sécurité qui devraient être là", d’autres fois, ils combattent à leurs côtés, raconte Eugène Nindorera à l’AFP.
 
Or "c’est à l’Etat qu’incombe la responsabilité de protéger les citoyens et à personne d’autre", observe M. Nindorera.
 
"A partir du moment où les dozos se substituent à l’Etat, on est tout à fait en marge de la démocratie. On est en marge d’un Etat de droit. C’est tout simplement inacceptable", assène-t-il.
 
Selon le responsable onusien, le gouvernement s’était engagé à désarmer les dozos pour "mai-juin 2012", ce qu’il n’a toujours pas fait.
 
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