Côte d’Ivoire: Amnesty révèle que des prisonniers ont subi des mauvais traitements

  • 06/10/2015
  • Source : Lebabi.net
Amnesty international a exhorté ce lundi, la Côte d’Ivoire à mettre fin à la vague d’arrestations arbitraires d’opposants politiques et au recours à toute forme de mauvais traitements, dans un communiqué dont Lebabi.net a reçu une copie.

 
« A l’approche des élections, les autorités doivent mettre fin aux manœuvres de harcèlement et d’intimidation continuelles que subissent les militants de l’opposition politique » prévient Amnesty.
 
Selon l’organisation, « une soixantaine de personnes dont plusieurs cadres de l’opposition, ont été arrêtées depuis la mi-septembre, suite à la publication par le conseil constitutionnel de la liste des candidats à l’élection présidentielle du 25 octobre prochain. Au moins trente sont toujours en détention. »
 
La plupart sont accusées d’atteinte à l’ordre public après avoir participé à des rassemblements pacifiques non-autorisés. 
 
Amnesty déplore également que certains de ces prisonniers aient « subi de mauvais traitements lors de leur arrestation et étaient détenus au secret pendant plusieurs semaines, sans avoir accès à un avocat ou à des soins médicaux. »
 
« Les récurrentes arrestations et détentions arbitraires d’opposants politiques créent un climat de peur qui compromet l’exercice de la liberté d’expression et de réunion pacifique en Côte d’Ivoire », a déclaré François Patuel chercheur pour l’Afrique occidentale chez Amnesty International insistant que « La Côte d’Ivoire ne doit pas utiliser les violences politiques et intercommunautaires comme prétexte pour restreindre la liberté de réunion pacifique et procéder à des arrestations arbitraires d’opposants ».
 
Suite à la validation de la liste de dix candidats à la présidentielle ce 9 septembre par le conseil constitutionnel, des partis politiques de l’opposition ont organisé une série de manifestations pour dénoncer les conditions du processus électoral. 
 
« Si la plupart de ces rassemblements étaient pacifiques, certains ont mené à des violences intercommunautaires faisant au moins deux morts dans les villes de Bayota (centre-est) et Gagnoa (centre ouest). »
 
Plusieurs opposants, tel Samba David ont été arrêtés suite à ces violences. Ce dernier a été arrêté le 13 septembre 2015 à son domicile dans le quartier de Yopougon (Abidjan) par huit hommes armés, en uniforme noir. 

Sa maison a été saccagée et il a été frappé à coups de crosse, y compris au niveau des organes génitaux. Il a été détenu au secret pendant deux jours sans accès à un médecin, malgré ses blessures.
 
« Samba David n’a obtenu l’assistance d’un avocat que les 15 et 16 septembre, avant d’être inculpé pour atteinte à l’ordre public, discrédit d’une décision judiciaire, provocation à l’insoumission et complicité dans la destruction de biens » assure Amnesty. 
 
« Le 17 septembre, il a été transféré sans que son avocat en soit informé à la Direction de la surveillance du territoire (DST). Il y a été détenu sans accès à son avocat jusqu’à sa comparution devant le tribunal le 30 septembre. Le 2 octobre dernier Samba David a été condamné à six mois de prison ferme. »
 
Deux autres opposants,  Kouamé Akpalé Richmond et Douadé Gildas ont été arrêtés le 9 septembre à leur domicile de Yopougon (Abidjan), et détenus sans inculpation jusqu’au 17 septembre, alors que la loi ivoirienne prévoit que la garde-à-vue ne peut excéder 48 heures renouvelables une fois à la demande d’un magistrat ou d’un procureur.
 
 Ils ont été inculpés eux aussi d’atteinte à l’ordre public et transférés à la DST où ils ont été détenus sans avoir accès à leurs avocats jusqu’à leur procès le 30 septembre devant un tribunal qui a finalement décidé d’abandonner les poursuites contre eux et ordonné leur libération.
 
 « Les autorités doivent s’assurer que les auteurs de ces violences soient identifiés à la suite d’une enquête indépendante et traduits en justice par le biais d’un procès équitable ».
 
Ahopol