Commercialisation du cacao: Pourquoi les producteurs ivoiriens font de la rétention de fèves

  • 26/02/2020
  • Source : L'Inter
Selon des informations rendues publiques par l'agence de presse Reuters, en Côte d'Ivoire, des producteurs ivoiriens de cacao ne veulent pas vendre leurs productions.

Ces derniers préférant faire de la rétention de leurs fèves, le temps pour eux d'arriver en octobre pour bénéficier d'un renchérissement du prix de cette matière première agricole. Cela, grâce à l'entrée en vigueur de la politique du Différentiel de revenu décent (Drd) qui devrait s'appliquer à l'ouverture de la campagne prochaine prévue pour le 1er d'octobre 2020.

L'affaire de la rétention des fèves est confirmée par les propos de neuf exportateurs et acheteurs interrogés par Reuters, qui ont estimé que les arrivages de cacao aux ports durant la campagne intermédiaire, qui court d'avril à septembre, seraient de l'ordre de 350 000 à 400 000 t, soit en-dessous des prévisions et bien inférieurs aux 527 000 t de la campagne intermédiaire dernière.

Un trader suisse envisageait déjà cette hypothèse, soutenant que la politique de rétention menée par certains producteurs devraient entraîner une baisse de volumes de fèves de cacao durant la campagne intermédiaire en Côte d'Ivoire. Dans un tel cas de figure, les prix du cacao devraient continuer de grimper alors qu'ils sont déjà proches de leurs niveaux les plus haut en trois ans. "Chacun sait que la récolte intermédiaire va être un cauchemar cette année", expliquait le trader interrogé par Reuters dont les propos ont été repris par Commodafrica.com. «Le temps a été sec, dira-t-il, et les gens ne vendent pas ce qu'ils ont promis car ils espèrent des prix plus élevés».

 Le cri du cœur des négociants aux grandes firmes

 Dans une note rendue publique vendredi 21 février 2020, le Groupement des négociants ivoiriens (Gni) informe que «les transformateurs et exportateurs ivoiriens de cacao sont en train de faire faillite».

Cette organisation, regroupant 15 acteurs locaux de la filière, lance à travers ce communiqué, un cri du cœur aux grandes firmes du chocolat, les appelant à mettre fin à la surenchère autour de la filière du «cacao certifié durable».

Ces intermédiaires entre paysans et exportateurs estiment pour leur part que cette ''surenchère'' ne profite qu'à sept grandes firmes internationales (à 97 %) exportatrices de fèves installées en Côte d'Ivoire. Dans leurs explications, ils laissent entendre que le cacao certifiée durable bénéficie de primes importantes oscillant entre 70 dollars (un peu plus de 35 000 fcfa) et 200 dollars (soit plus de 100 000 fcfa) la tonne.

La plus grosse difficulté à laquelle ces négociants sont confrontés, est qu'ils ne peuvent vendre leurs productions qu'aux seuls acteurs capables à la fois de leur acheter du cacao certifié durable et du cacao non certifié (ou cacao ordinaire), analyse Sika Finance, spécialiste de l'information boursière. Or, ces acteurs locaux ne bénéficient pas de contrats d'achat sur le cacao certifié durable.

De même, ils éprouvent du mal à avoir du cacao non certifié. Le risque auquel ils s'opposent désormais, c'est leur sortie pure et simple du marché. «Il en résulte que non seulement les exportateurs et transformateurs ivoiriens sont exclus du marché certifié qui représente près de la moitié de la production, mais en plus, ils ne peuvent même plus acheter des fèves de cacao non certifié pour assurer leur survie», constate le Gni.

E.L.