Plongé dans la plus grave crise économique de son histoire, le Brésil a vu ses inégalités augmenter d'une année sur l'autre pour la première fois en 22 ans, notamment en raison de la forte hausse du chômage, selon une étude de la Fondation Getulio Vargas (FGV).
L'indice Gini, qui mesure les inégalités, a atteint 0,522 en 2016, contre 0,514 en 2015, précise cette étude, élaborée à partir de données de l'Institution Brésilien de Géographie et Statistiques (IBGE).
Un indice de 1 reflète une distribution totalement inégalitaire, tandis qu'un indice de 0 caractérise une situation où tous les ménages possèdent le patrimoine moyen. À titre de comparaison, il était de 0,331 France en 2012.
"L'augmentation des inégalités s'explique par la combinaison de deux facteurs: une inflation élevée et un chômage en forte hausse", affirme à l'AFP Marcelo Neri, directeur du service d'études sociales de la FGV.
"L'inflation a commencé à baisser, ce qui est une bonne nouvelle, mais le chômage augmente depuis 2015 et ne donne aucun signe d'inflexion", souligne-t-il.
Le chômage a atteint un taux record de 12,6% en janvier au Brésil, avec près de 13 millions de personnes à la recherche d'un emploi.
Le PIB de la première économie d'Amérique latine a reculé pour la seconde année consécutive, une baisse de 3,6% en 2016, après 3,8% en 2015. Pire encore, le PIB par habitant a dégringolé davantage: -4,6% en 2015 et -4,4% en 2016.
"Nous sommes en train de faire marche arrière en termes de justice sociale. En 2015, l'indice Gini est resté stable par rapport à 2014 (0,514 contre 0,515), mais les revenus des plus pauvres a chuté de 14%", explique le chercheur.
"Le PIB est en baisse, le revenu moyen baisse aussi et celui des plus pauvres baisse encore plus, tout le contraire du cercle vertueux de la période 2004-2014", constate M. Neri.
Selon lui, le problème des inégalités est néfaste pour l'économie dans son ensemble, dans la mesure où les plus pauvres consacrent une part de leur revenus bien supérieure aux autres à la consommation.
Le gouvernement du président conservateur Michel Temer a lancé une série de mesures d'austérité pour tenter de sortir le pays de la crise, avec notamment une réforme des retraites controversée, qui a fait descendre des milliers de manifestants dans la rue mercredi.
Pour le chercheur de la FGV, ces réformes sont importantes, mais "doivent suivre une logique de justice sociale, pas seulement macro-économique".
"La locomotive de l'économie peut reprendre sa machine en avant, mais le dernier wagon, celui des plus pauvres, continue de faire machine arrière", déplore-t-il.
Un chômeur parcourt des offres d'emploi à Sao Paulo, le 31 janvier 2017. Le chômage a atteint un taux record de 12,6% en janvier ( AFP/Archives / NELSON ALMEIDA )