Bloléquin/ Meurtre rituel : un riche transporteur accusé d’avoir assassiné un apprenti-chauffeur

  • 30/04/2020
  • Source : Linfodrome
Le 22 Avril 2020, aux alentours de 19h, le corps sans vie de Séanda Junior, la trentaine bien sonnée, est « balancé » d’un véhicule, à l’hôpital de Blolequin.

Cet apprenti chauffeur serait mort, à la suite, victime d’un projectile qu’aurait lancé «  un fou », vers le véhicule de transport, dans lequel, il n’y avait que le chauffeur, ses deux frères et Junior Séanda. Les parents de la victime crient à « un assassinat rituel ». Le commandant de Brigade de Bloléquin est gravement mis en cause… Blolequin, est un chef lieu de département situé à plus de 500km d’Abidjan dans la région du Cavally à l’Ouest de la Cote d’ivoire.

Le caractère cocasse des circonstances de la survenue du drame, les explications invraisemblables livrées par le chauffeur, fils du riche transporteur nigérian et les constats fait, sur le corps par ses parents, ont éveillé leurs soupçons. La poitrine de al victime porte une plaie béante. Une bonne partie du poumon gauche arrachée. La partie dorsale du cou, notamment au niveau de la nuque est ouverte. La chevelure et une partie de la cervelle arrachées. Ce qui a dû rapidement causer la mort du jeune apprenti.

Ce jeune Gueré de Toulépleu était seul avec trois jeune nigérians, les enfants de son patron. Selon nos sources, un mois plus tôt, le jeune apprenti avait décide d’arrêter de travailler avec son patron, un nigérian au regard de ses pratiques fétichistes. Mais, il revient sur sa décision, après avoir été approché par celui-ci, avec la promesse d’améliorer ses conditions salariales. Il prenait rendez-vous avec la mort… C’est seulement 3 jours après sa reprise du travail qu’il a trouvé la mort, dans des conditions mystérieuses.

Parti pour le service le mercredi 22 avril 2020, au matin, Séanda Junior, y trouvera la mort. M. Apôtchô son patron, explique que le jeune « homme serait mortellement atteint par un bois lancé sur leur véhicule en circulation, par un fou ». Des explications du transporteur nigérian peu convaincantes, au vu du corps de Junior, méconnaissable pour être la victime d’un jet d’un morceau de bois. Dès lors, d’interminables interrogations vont naître. Avec en point de mire, l’hypothèse d’un crime rituel.

Selon notre source, il était 19h GMT ce mercredi 22 avril quand Moké, le cousin et cadet de Séandé Junior reçoit un appel de l’hôpital général de la ville. Il y sera reçu par Dr D, médecin généraliste. Celui-ci lui annonce la mort accidentelle de son aîné dont le corps venait d’y être admis par son patron Apôtchô, le riche transporteur nigérian. Sur ce, le médecin demande avec insistance l’évacuation du corps au risque de l’abandonner sans conservation. Moké décide alors de s’en remettre à Apôtchô dont le véhicule était encore stationné dans l’enceinte de l’hôpital.

Contre toute attente, c’est Moussa Grai, collègue et proche du patron de Junior qui s’adresse à Moké pour dire qu’Apôtchô « n’est pas accessible pour l’instant ». Mais, pour sa part, il peut plaider auprès du médecin pour la conservation du corps. Face à la pression du médecin, Moké va joindre son père à Toulepleu. Celui-ci lui demande de saisir la gendarmerie. C’est ainsi que le Commandant de la brigade de gendarmerie de Bloléquin va délivrer un laissé-passer pour le transfert du corps nuitamment sur Toulepleu dans un véhicule de transport en commun.

Le jeudi 23 avril au petit matin le père de Junior, Ouessi Robert saisit la gendarmerie locale. Un constat d’usage va être fait.Curieusement le sieur Apôtchô livre à la gendarmerie un scenario pour le moins rocambolesque. Il soutient, mordicus que c’est un fou, qui, au passage du véhicule, a lancé vers Junior, l’apprenti, un morceau du bois qui a transpercé son cœur. Or, le constat fait ne relève aucune goutte de sang sur le siège du véhicule où l’apprenti est censé avoir pris place. Le père du jeune homme s’emporte devant de telles explications, mais le gendarme lui oppose son professionnalisme.

Le chauffeur va chercher une branche dans la broussaille. Mais, manque de pot pour lui, à cet instant, le fou en question passait de nouveau au même endroit. Il sera immédiatement menotté pour être entendu. Partiellement fou, le clochard va rejeter en bloc l’accusation portée contre lui. Il dit en revanche que c’est lui qui a été frôlé par la véhicule qui a failli le tuer. A aucun moment il n’a fait usage d’un bois en direction du vécule. Le commandant de brigade et le riche transporteur s’enferme dans le bureau du dernier. Que ce sont-ils dit ? Quoi qu’il en soit, cet accident mortel ne fera l’objet d’aucune interpellation du chauffeur. Il est laissé libre de regagner son domicile. Le Commandant de brigade demande au père du défunt d’aller « porter plainte contre l’assureur du véhicule d’Apôtchô », le riche transporteur nigérian.

Des accusations de corruption fusent de partout, contre le commandant de brigade, que le puissant transporteur « a vu » dans son bureau. A-t-il été soudoyé ? Personne le sais. Les parents sont convaincus que «  le commandant de brigade a soupé dans cette affaire ». La mort dans l’âme, Ouessi Robert, le père du jeune assassiné choisit plutôt de porter plainte contre Apôtchô au tribunal de Guiglo. Les populations sont sur le pied de guerre. Un affrontement intercommunautaire se profile à l’horizon… Le procureur, après avoir réceptionné la plainte de la famille, aurait d’adressé une note à la brigade de Blolequin. Nous y reviendrons.

Armand B. DEPEYLA