Bilan à mi-mandat de Ouattara concernant la securité, la réconciliation et la relance économique : Mamadou Touré et Alphonse Douati s’empoignent

  • 06/01/2014
  • Source : L'Intelligent d'Abidjan
Le débat africain de RFI du dimanche 5 janvier 2014 a porté sur le bilan à mi-mandat du Président Ivoirien Alassane Ouattara concernant la sécurité, la réconciliation et la relance économique.Cette question a fait l’objet de débats entre le conseiller du chef de l’Etat ivoirien chargé de la jeunesse et des sports et secrétaire national par intérim chargé des militants de l’étranger du Rassemblement Des Républicains (RDR), Mamadou Touré, et l’ancien ministre et vice-président du Front populaire ivoirien (FPI) Alphonse Douati.

Le secrétaire exécutif chargé des commissions nationales techniques au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et président du Conseil régional du Cavally, Dagobert Banzio et Maître Diallo Sissoko, avocate et présidente du Réseau paix et sécurité pour les femmes dans l’espace Cedeao-Côte d’Ivoire étaient également les invités de cette émission. 

Le bilan à mi-mandat du Président de la République Alassane Ouattara concernant la sécurité et la paix est le premier sujet évoqué par les différents invités. Sur la question, le conseiller d’Alassane Ouattara chargé de la Jeunesse et des Sports a relevé que la sécurité a connu une amélioration avec l’indice qui est passé de 4 à 1,6. S’ajoute à cela, selon lui, la réinsertion de 11 000 ex-combattants.

Mamadou Touré estime que le gouvernement d’Alassane Ouattara a donné une armée à la Côte d’Ivoire. A ceux qui reprochent au Président ivoirien d’avoir inséré des ex-rebelles dans l’administration, il leur répond que « la présence des ex-combattants au sein de l’administration découle de l’accord de Ouagadougou . Ces accords ont prévu qu’un certain nombre d’ex-combattants appartenant aux ex-Forces nouvelles et les groupes d’autodéfense puissent se trouver dans le cadre du processus de réinsertion dans l’administration notamment dans la douane et le trésor ».

Le vice-président du Fpi n’est pas de cet avis. Pour Alphonse Douati, l’incursion des dozos dans le secteur de la sécurité constitue une réelle menace vis-à-vis des populations ivoiriennes. « Les dozos font beaucoup de mal en milieu rural. En milieu urbain, ils ont formé des jeunes qui sont appelés Microbes, qui sont en bandes et attaquent les gens la nuit.

Tout cela fait que le secteur de la sécurité n’est pas du tout résolu », a fait remarquer l’ex-ministre de la Production animale et des ressources halieutiques. Pour qui, la réinsertion des ex-combattants se fait de façon unilatérale au grand dam des groupes d’auto-défense qui ont combattus pour l’ex-Président Laurent Gbagbo.

Le secrétaire exécutif chargé des commissions nationales techniques au PDCI et président du Conseil régional du Cavally, Dagobert Banzio, a pour sa part embouché la même trompette que Mamadou Touré en soulignant que la sécurité s’est améliorée « par rapport à ce que nous avons connu avant la crise. En ce qui concerne le phénomène dozos, il existait déjà bien avant même 1999. La crise a été l’occasion d’une amplification de ce phénomène. Le gouvernement a demandé que les dozos reviennent à leurs activités traditionnelles.

Je suis d’avis qu’il en soit ainsi ». En ce qui concerne la réinsertion à double vitesse dénoncée par Alphonse Douati, l’ex-ministre du Commerce du Président Ouattara propose que le dialogue républicain soit poursuivi, afin de remédier à cette situation. Quant à maître Diallo Sissoko, elle a laissé entendre que la sécurité n’est pas encore totale.

Dialogue de sourd entre Mamadou Touré et Alphonse Douati sur la réconciliation. 
 
S’agissant du bilan du chef de l’Etat ivoirien, relatif à la réconciliation, son conseiller en charge de la Jeunesse et des Sport signale qu’il y a eu beaucoup d’avancées marquées notamment par le retour au bercail de 80% des refugiés, le dialogue entre le gouvernement et le Fpi et la cessation de l’état de belligérance. M. Touré a surtout insisté sur le rétablissement de l’appareil judiciaire ainsi que son impartialité.

« Certains éléments Frci des événements de Vavoua ont été jugés. Amandé Ouremi a combattu à l’Ouest. Le gouvernement a pris ces responsabilités et l’a mis aux arrêts. On ne peut pas dire que la justice est à sens unique surtout venant des personnes qui pendant dix ans de gouvernement n’ont jamais éclairé les Ivoiriens sur les crimes qu’ils ont commis », a-t-il indiqué.

Faux, rétorque le vice-président du Fpi qui a estimé qu’il y a une justice des vainqueurs avec la détention en prison de 800 détenus proches de l’ex-Président Laurent Gbagbo. « On nous a promis l’impartialité. Ce n’est pas le cas. On nous a promis la lutte contre l’impunité. Aujourd’hui on nous dit qu’il y aura des enquêtes. Or nous sommes dans un bilan à mi-parcours.

Cela veut dire que du point de vue de ceux qui sont au pouvoir, rien n’a été fait. Pendant ce temps 800 personnes proches du Président Laurent Gbagbo croupissent dans les prisons », a affirmé Alphonse Douati. Avant de déplorer le retard dans l’enquête sur les événements de Nahibly. Pour Dagobert Banzio, la réconciliation est loin d’être en panne.

« La Cdvr a travaillé et elle est arrivée à la limite de ce qu’elle pouvait faire. Dans les régions où les Ivoiriens étaient divisés, ils ont commencé à se parler. Les gens ont été tués et brûlés. Maintenant, les populations s’asseyent et échangent. Les questions comme celles de Nahibly seront clarifiées dans l’intérêt de l’équité, de la justice et des populations. Chez nous, quand un processus démarre, il faut traiter les questions les unes après les autres ».

De son côté, maître Diallo Sissoko pense que la Cdvr n’a pas eu les moyens de travailler et souhaite la réparation des victimes. 

La reconstruction et la relance économique, un autre sujet de discorde
 
Concernant le bilan du Président Alassane Ouattara relativement à la reconstruction et la relance économique, l’honneur est revenu à Dagobert Banzio d’ouvrir le bal. Le président du Conseil régional du Cavally note que l’économie ivoirienne à la sortie de la crise en 2011 a connu une dépression de 5 %. « En 2012, nous avons eu une croissance de 9,8% . En 2013, nous avons eu 9% et nous avons également 9% en prévision en 2014.

Il y a une évolution très nette qui confirme la promesse faite par le Président de la République », a-t-il fait savoir. Il a ajouté que la filière café-cacao a été réorganisée comme il se devait. S’agissant de la cherté de la vie et ayant été lui-même ministre du Commerce, Dagobert Banzio a indiqué « qu’ à la sortie de crise, nous étions dans une situation où il y avait des tensions sur les biens et les livraisons.

Non seulement la question de l’approvisionnement a été réglée par le gouvernement, mais également celle de l’inflation. Les chiffres de l’inflation sont édifiants. Pour 2013, c’est 2,7% alors que la norme de l’Uemoa est de 3 % . De 2,7% en 2013 on est à 1,3 % en 2012 comparé à 1,8 en 2008 . 2008 est là pour nous rappeler les problèmes de la hausse des prix ».

Alphonse Douati reconnait que les chiffres parlent. Il souhaite toutefois que cela ait une répercussion sur les populations. « Que les populations aussi parlent. Quel Ivoirien croit aujourd’hui que les chiffres lui permettent de manger trois fois par jour. Quand les Ivoiriens disent que ‘‘Gbagbo kaffissa’’ qui signifie Gbagbo vaut mieux, ce n’est pas l’économie réelle. On ne fait pas l’économie avec des chiffres », s’est t-il insurgé.

Pour sa part, Mamadou Touré, a évoqué les réalisations faites par le chef de l’Etat dans plusieurs localités ivoiriennes notamment à Man et à Doropo en matière d’eau, d’infrastructures sanitaires, routières et scolaires. « Jamais dans notre pays, l’Etat a fait autant d’avancée dans le domaine social ces dix et quinze dernière année », a-t-il avancé.

Quant à maître Diallo Sissoko, elle a relevé que « la cherté de la vie est une réalité en Côte d’Ivoire. Nous ne sommes pas des économistes. On nous annonce des croissances etc, mais la croissance doit accompagner le développement et le bien être des populations».
 
Abdoulaye Touré