Cartographie d'intérieur, géo-marketing et connexion à l'Internet des objets... Apple passe à la vitesse supérieure grâce à la magie du Bluetooth basse énergie...
De notre correspondant en Californie
«Bonjour, monsieur Yakimoto, ravi de vous revoir chez Gap. Etes-vous content de ce débardeur?» demande un hologramme à Tom Cruise dans Minority Report. Avec le lancement par Apple de sa technologie de micro-géolocalisation iBeacon dans ses 254 boutiques américaines, vendredi, une telle interaction pourrait bientôt devenir banale. Et pas que sur iPhone.
iBeacon, c'est quoi?
Un système de géolocalisation d'intérieur de précision lancé par Apple avec iOS 7 cet automne. Alors que le GPS fonctionne très mal entre des murs, une balise émettrice peut ici communiquer avec un smartphone récent via Bluetooth «low energy» (BLE, anciennement Wibree) dans un rayon de 30-50 mètres, avec une précision de l'ordre du centimètre. Par exemple, pour proposer une promotion sur des bottes lorsque le client s'approche du stand, un plan de l'intérieur du centre commercial ou des informations supplémentaires sur La Joconde au Louvre. Ou encore payer à distance. Evidemment, l'utilisateur fait le choix de l'activer ou pas, pour éviter d'être pollué.
Où sera-t-il déployé?
Pour commencer, dans les Apple stores aux Etats-Unis, depuis vendredi. AP, qui a bénéficié d'une démonstration, explique que le client, via une app, peut recevoir des notifications quand sa commande est prête, notamment. Quand il passe à côté d'un iPhone 5S, Apple pourrait encore lui proposer de changer son vieux modèle. La ligue de baseball prévoit, elle, de déployer la technologie dans ses stades l'an prochain. Plusieurs startups exploitaient déjà le BLE, notamment dans certaines boutiques de Macy's. Mais selon les experts, l'arrivée d'Apple devrait démocratiser la technologie au cours des prochaines années.
C'est quoi la différence avec le NFC?
La distance, d'abord. Comme son nom l'indique, la communication en champ proche ne fonctionne qu'à une proximité très réduite entre la puce et le téléphone, en général quelques centimètres. Le BLE, lui, offre un rayon de plusieurs dizaines de mètres. Les débits sont comparables et très faibles, de l'ordre du ko/s. Ils sont destinés à transmettre de petites quantités d'information, comme des images ou du texte, mais pas de l'audio ou de la vidéo. Pour du multimédia, il suffit toutefois de transférer un lien Web au smartphone. L'autre grande différence, c'est que le NFC s'appuie sur des puces passives miniatures tandis qu'iBeacon a besoin d'un émetteur actif plus volumineux. Au niveau du prix, cela dépend des situations: il faut une puce NFC à 10 cents pour chaque article, ce qui grimpe vite pour un magasin, tandis qu'une dizaine de Beacons à 30 dollars suffisent pour couvrir la surface d'un terrain de foot. L'autre avantage pour iBeacon, c'est qu'il y a bien plus de smartphones compatibles avec le Bluetooth 4.0 qu'avec le NFC. Jusqu'à présent, Apple a refusé d'intégrer une puce NFC dans ses iPhone.
iBeacon n'est-il que pour les iPhone?
Non. Une fois n'est pas coutume, Apple a rendu iBeacon compatible avec tous les smartphones qui supportent le BLE, ce qu'Android fait depuis l'été dernier avec sa version 4.3. La technologie est toutefois davantage intégrée sur iOS, qui peut «écouter» à tout moment, sans avoir besoin qu'une app spécifique soit ouverte.
Qui fabrique les balises émettrices?
N'importe qui. La startup Estimote est l'une des premières sur ce front, avec trois balises vendues 100 dollars. PayPal a annoncé des Beacons USB et une app pour payer à distance. Et un iPhone ou un iPad peut se transformer en borne émettrice.
Avec iBeacon, Apple va rendre le smartphone plus intelligent - Photo à titre d'illustration