Avant le 12è congrès du Pdci-Rda : Les 2 problèmes qui coincent Bédié

  • 01/10/2013
  • Source : L'Inter
Dans 72h, s’ouvre le 12è congrès ordinaire du Pdci-Rda. Et s’il y a une personnalité qui focalise toutes les attentions à l’ouverture de cette échéance capitale, c’est bien le président de ce parti, Henri Konan Bédié. Agé de 79 ans, l’ancien chef de l’État, qui tient les rênes de l’ex-parti au pouvoir depuis bientôt 20 ans, a décidé de rempiler à la tête de son parti, là où l’alinéa 2 de l’article 35 des Statuts l’en empêche ouvertement.

En effet, cet alinéa 2 relatif à la clause d’âge interdit à tout cadre du Pdci-Rda, candidat à la présidence de ce parti, d’être âgé de moins de 40 ans et de plus de 75 ans. Introduit dans les dispositions statutaires et réglementaires à la faveur de la modernisation du parti au 11è congrès d’avril 2002 par le président Bédié lui-même, cet alinéa l’empêche de rempiler tranquillement. Du coup, dans sa volonté de garder son fauteuil, le président du Pdci-Rda est aujourd’hui traité d’antidémocrate par ceux qui l'accusent de vouloir contourner des dispositions qu’il a lui-même librement introduites dans les textes de son parti.

Que s’est-il donc passé pour que le président Henri Konan Bédié, démocrate dans l’âme, ait décidé de rempiler malgré les contritions contenues dans les textes de son parti ? Cette question est d’autant plus importante que l’ex-chef d’État n’a pas décidé tout de go de rempiler à la tête du Pdci-Rda. «On lui demande de respecter les textes que le parti s’est librement donné, et surtout de respecter les dispositions statutaires qu’il a lui-même librement introduites dans les textes du parti au congrès de 2002 », lâchent ses détracteurs. Qu’à cela ne tienne !

A la vérité, le président du Pdci-Rda est dans une posture plus que difficile. Deux grandes équations le coincent grandement, même s’il ne communique pas ouvertement là-dessus. La première est d’ordre interne.

En effet, en interne, le président du Pdci-Rda n’a pas de ‘’successeur’’ affiché, comme il l'était, lui, avec feu le président Félix Houphouët-Boigny au début des années 1980. Il l’a reconnu lui-même dans une interview accordée à la presse étrangère. «Je cherche un successeur », avait-il concédé. Si Bédié part maintenant, quel Pdci-Rda laisse-t-il et à qui ? Voilà la question obsédante qui le taraude depuis quelque temps. Sur les quelque 10 vice-présidents qu’il s’est choisis, lequel est le plus apte à lui succéder? Son Secrétaire général, aujourd’hui candidat déclaré contre lui, est-il en posture de prendre le contrôle et conduire sereinement l’appareil du parti ? Des questions quelque peu sans réponses pour l’heure.

Le président du Pdci-Rda a donc décidé de se donner un peu de temps, ce temps ; qui lui fait si grandement défaut, pour tenter de résoudre l’équation de sa succession en trouvant la formule et les hommes idoines.

Des oppositions partout


En interne, cette posture rencontre beaucoup d’hostilités, voire de solides inimitiés. En effet, une certaine frange de cadres développe l’idée que le président Bédié, ne voyant pas la ‘’succession par capacité’’ se mettre en place, veut se laisser dominer par des influences internes en laissant ses sentiments primer sur ses choix. Ces cadres le soupçonnent donc de vouloir passer la main ‘’en famille’’ en mettant de côté la capacité et le militantisme. Que faire ?

Mais, le ‘’Sphinx’’ caresse un autre rêve. Et c’est de là que provient sa deuxième contrition. En effet, le 30 avril 1994, lorsqu’il hérite du Pdci-Rda en tant que nouveau président en remplacement du légendaire Félix Houphouët-Boigny décédé en décembre 1993, c’est d'un parti national et entier, mais miné par des crises internes, qu’il hérite. 5 mois plus tard, le 27 septembre 1994, c’est le courant du Rdr qui quitte ses entrailles, faisant perdre du coup tout le nord du pays et ses militants au vieux parti.

La cause peut-être la guerre de succession larvée de 1991 à 1993 qui l’a opposé à Ouattara, mais aussi et surtout des incompréhensions qu’on aurait pu surmonter facilement en interne. En 2001, à la faveur des Législatives de décembre 2000, un autre ‘’malentendu’’ fait naître le courant des ‘’indépendants’’ qui se muera en parti pour devenir l’Udpci début 2001. Pour ne citer que ces deux grands exemples, aujourd’hui, le président Bédié a vu son parti, en presque 20 ans de présidence, en situation de sabordage.

A l’heure où il doit passer la main politiquement, quel héritage structurel laisse-t-il ? Selon certaines indiscrétions dignes de foi, le président du Pdci-Rda trouve dans l’actuel Rhdp, une formidable occasion de ramener toute la grande famille houphouëtiste dans le même giron. Hélas, ce vœu pieu, qui n’est pas seulement électoraliste et qu’il partagerait avec le président Alassane Ouattara, ne semble pas du tout partagé par une bonne frange de ses cadres en interne.

Comment résoudre alors en externe, l’équation de la présidentielle de 2015 ? Le Pdci-Rda ira-t-il à cette présidentielle entre houphouëtistes avec son candidat, comme certains de ses cadres le réclament à cor et à cri ? Ou alors, le Rhdp, sous la houlette du Pdci-Rda, va-t-il faire chorus, comme au 2nd tour de la présidentielle de novembre 2010, autour de la candidature du président Alassane Ouattara ?

Le chef de l’État, en visite d’État dans le nord du pays, n’a pas hésité à franchir le rubicond en rappelant et en appelant à ‘’l’alliance Centre-Nord’’ sur lequel feu Félix Houphouët-Boigny a reposé près de 50 ans durant, dans ce pays. Un appel du pied ferme qu’il ne faut pas négliger. Quand on s’appelle Bédié, qu’on a été président de la République, Chef de l’Etat et président du Pdci-Rda, qu’est-ce qu’on fait dans ces cas de figure ?

JMK