Afrique du Sud : les mines d’or licencient en masse, faute de rentabilité

  • 16/08/2018
  • Source : Jeune Afrique
Depuis le début de la ruée qui a fondé Johannesburg en 1886, l'or a nourri le développement industriel de l'Afrique du Sud. Cette ère semble aujourd'hui révolue. Reportage à Evander, dans le nord-est du pays.

En combinaison, bottes aux pieds, prêts à plonger dans les entrailles de la terre. Chaque matin, une centaine d’ouvriers font le pied de grue devant la mine d’or sud-africaine d’Evander (nord-est), dans l’espoir d’une embauche pour la journée. « Depuis trois mois, on se présente ici tous les jours dès 5H00 du matin en espérant que le patron fera appel à nous », lâche un des postulants, Andile Skweyiya. Ils vont une nouvelle fois rester sur le carreau.

Avec ses anciens collègues, ce mineur est l’une des 1 710 victimes de la dernière vague de dégraissages ordonnée en mai par la compagnie Pan African Resources à Evander, à deux heures de route de Johannesburg. « Les chances de trouver un nouvel emploi n’existent pas », déplore l’un d’eux, Vuyiswa Shlungunyana, 32 ans. « Sans travail, il n’y a pas d’autre choix que de voler pour pouvoir manger, et ça, je refuse de le faire ».

Après leur licenciement, quelques-uns de ses collègues ont obtenu des contrats de courte durée. Les autres grossissent la queue tous les matins devant la mine.

Depuis le début de la ruée qui a fondé Johannesburg en 1886, l’or a nourri le développement industriel de l’Afrique du Sud. Cette ère semble aujourd’hui révolue. La baisse des cours du métal jaune, l’épuisement des réserves qui impose de creuser plus profondément, la hausse des salaires des mineurs et la baisse de la productivité ont fait des ravages dans les effectifs.

Rentabilité

« Nos mines d’or sont les plus profondes du monde, les sites sont de plus en plus éloignés de nos infrastructures, les coûts ont bondi », plaide la porte-parole du Conseil des industries minières, Charmane Russell. Les trois quarts des mines d’or du pays ne sont plus rentables aujourd’hui, annonce le Conseil, qui prévoit un fort recul de la production vers 2019-2020 et l’épuisement des filons dès 2033...