Affi N'guessan : « La libération du Président Gbagbo est le moteur de la réconciliation nationale»

  • 25/06/2014
  • Source : Partis Politiques
Le jeudi 12 juin 2014, la Chambre Préliminaire 1 de la Cour Pénale Internationale (CPI) a confirmé à la majorité de deux voix contre une, les charges alléguées par le Procureur à l’encontre du Président Laurent Gbagbo.

Cette décision marque la fin d’une phase du processus pénal engagé depuis le 23 novembre 2011 par la CPI contre le Président Laurent Gbagbo qui «aurait engagé sa responsabilité pénale individuelle en tant que auteur indirect, pour quatre chefs de crimes contre l’humanité à raison de meurtres, de viols et d’autres violences sexuelles d’actes de persécution et d’autres actes inhumains qui auraient été perpétrés dans le contexte des violences post-électorales survenues sur le territoire de la Côte d’Ivoire entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011.»

Ces crimes auraient été commis dans le cadre d’un plan commun conçu et mis en œuvre en collaboration avec un supposé cercle restreint de collaborateurs. Cette décision intervient à l’issue d’une procédure longue, complexe et éprouvante qui aura duré deux années et sept (7) mois au cours desquels la Côte d’Ivoire, l’Afrique et le monde entier ont été les témoins attentifs de la farouche bataille politico-juridique menée par la Défense du Président Gbagbo et par toutes les personnes éprises de justice et de dignité, pour faire triompher la vérité et défendre la liberté. Cette décision ouvre la phase du procès, c’est-à-dire celle de la manifestation de la vérité et de la justice.
 
Avant cette décision et à différentes étapes et sur différents aspects de la procédure judiciaire, de nombreuses requêtes ont été formulées par la Défense :
- Pour contester la compétence de la CPI à engager des poursuites contre le Président Laurent Gbagbo ;
- pour exciper de l’irrecevabilité de l’affaire, puis des documents de notification des charges et des Documents Contenant les Charges (DCC) ;
- pour la mise en liberté provisoire du Président Laurent Gbagbo ;
- pour des observations sur les preuves du procureur ou des expertises portant sur les pièces produits à l’appui de l’accusation, notamment les pièces vidéos-graphiques ;
- Etc.
 
Pendant cette période toutes les demandes de mise en liberté provisoire formulées par la Défense ont été rejetées par le juge unique, Présidente de la Chambre préliminaire 1. De même, les réexamens périodiques des conditions de maintien en détention du président Gbagbo ont tous été sanctionnés par des décisions négatives, aux motifs que celui-ci disposerait de réseaux de supporters et de réseaux financiers en Côte d’Ivoire et dans les pays voisins susceptibles d’organiser sa fuite s’il était mis en liberté provisoire, ou que lui-même pourrait exercer des pressions sur les témoins, organiser des collusions avec des coaccusés, entraver les enquêtes ou commettre de nouvelles infractions.
 
Cette intransigeance judiciaire n’était aucunement justifiée au regard des faits allégués et des preuves produites. Elle illustre l’acharnement à maintenir le président Laurent Gbagbo en prison, loin de son pays, la Côte d’Ivoire.
 
Ainsi, le 03 juin 2013, à l’audience de confirmation des charges, la chambre préliminaire 1 a dû ajourner sa décision pour insuffisance de preuves, et renvoyer le procureur à la recherche d’éléments de preuves supplémentaires. Cette décision a été acquise à la majorité de deux juges contre une voix dissidente, en l’occurrence celle du président de la Chambre.
 
Le procureur a bénéficié de sept (7) longs mois pour soumettre un Document Contenant les Charges (DCC) amendé, caractérisé par l’abandon de 23 des 45 incidents sur lesquels il s’était fondé dans son DDC initial (17 janvier 2013), le rajout de 16 nouveaux incidents, sans que la responsabilité pénale du Président Gbagbo soit clairement démontrée.
 
La Défense du Président Gbagbo était donc fondée à conclure, dans ses soumissions finales du 06 mai 2014 que « A aucun moment le Procureur ne mentionne une seule réunion lors de laquelle aurait été conçu le plan commun ; à aucun moment le Procureur ne mentionne une seule réunion lors de laquelle il aurait été décidé de la mise en œuvre du plan commun supposé ; à aucun moment, le Procureur ne mentionne l’existence d’une seule réunion lors de laquelle aurait été discuté entre le Président Gbagbo et des Chefs militaires le détail des opérations. [….]

Le Procureur est incapable aussi de faire état d’un seul discours du Président Gbagbo qui ne soit pas un appel à la paix et à la concorde entre Ivoiriens, que ce soit avant, pendant ou après les élections de 2010.
 
Pas une fois, le Procureur n’est capable de prouver qu’un groupe constitué, que ce soit une unité de l’armée ou un groupe autrement constitué, aurait commis un crime qui serait le résultat d’un ordre émis illégalement dans le but de parvenir à l’achèvement d’un supposé plan commun.
 
De plan commun d’ailleurs, il n’y a pas. Le Procureur n’a même pas identifié un ensemble de dirigeants qui aurait constitué le cadre dans lequel aurait été pensé et mis en œuvre ce plan commun. Il s’est contenté, pour tenter de constituer un tel groupe hypothétique, d’y réunir artificiellement des Bétés (dont certains n’ont jamais fait partie de l’entourage du Président Gbagbo) et d’en exclure les non-Bétés alors que, parmi ceux-ci se trouvaient beaucoup des vrais proches du Président.

Pas d’enquête, pas de preuve, des allégations fondées sur des hypothèses, des témoignages contradictoires, des témoins peu crédibles, des documents suspects établis pour les besoins de la cause. Plus, le fait qu’il dissimule sciemment la réalité concernant la vérité des évènements du 16 décembre ou la manière dont les groupes rebelles se sont infiltrés à Abobo avant l’élection présidentielle, le fait qu’il dissimule la façon dont les mercenaires étrangers ont été recrutés pour être intégrés aux forces pro-Ouattara au début de l’année 2010, formés au Burkina et transférés dans le Nord de la Côte d’Ivoire, la façon dont il dissimule l’implication de l’armée Française, le fait qu’il ne dise pas un mot des massacres commis par les rebelles à Yopougon en avril 2011, tout cela montre qu’il tente de construire une réalité fausse – contraire à la vérité historique – qui seule lui permettrait de justifier ses allégations.

En d’autres termes, ces silences et ces tentatives de dissimulation montrent qu’il ne croit pas lui-même en la thèse qu’il présente. Dans ces conditions, il est absolument impossible de confirmer les charges. Surtout, il serait terriblement risqué pour la Cour d’engager un procès sur des bases aussi fragiles ; ce serait l’assurance d’une catastrophe judiciaire et de la perte de crédibilité des Institutions de la Cour ».
 
Hélas ! Cette brillante plaidoirie de Me Emmanuel ALTIT, Conseil Principal du Président Laurent Gbagbo n’a pas suffi à convaincre la cour. Au grand dam de millions d’Ivoiriens, d’Africains et de combattants de la justice et de la liberté mobilisés depuis le début de cette tragédie pour exprimer leur affection au Président Laurent Gbagbo, lui manifester leur solidarité et défendre la vérité, les charges ont été confirmées. Un des juges qui avaient trouvé, en juin 2013, les preuves insuffisantes pour engager un procès contre le Président Gbagbo, a changé d’opinion.
 
Pour toutes les personnes éprises de justice, de liberté et de paix, en Côte d’Ivoire, en Afrique et dans le monde, c’est un moment de grande tristesse et de profondes appréhensions.
 
L’histoire se répète : comme KADJO Amangoua, chef de guerre Abouré en 1894, comme Nanan Kassi DIHIE, roi de l’Indénié en 1896, comme SAMORY Touré, empereur du Wassoulou en 1898, comme Nanan N’GAZA 1er, roi des Essandané en 1909, comme ces nombreux chefs de guerre, de tribus, notables et résistants à la conquête coloniale, un autre digne fils de l’Afrique est en danger de mort pour son combat pour la dignité et la souveraineté de l’Afrique. 
 
Quelle Côte d’Ivoire sans Laurent Gbagbo ? Comment mettre fin à la division du pays, reconstruire l’unité de la nation, bâtir la paix et reconstruire le pays sans cet acteur majeur de la crise, dont le nom est devenu commun à des millions de fidèles : les pro-Gbagbo, aujourd’hui traqués, enlevés, emprisonnés, martyrisés, contraints à l’exil, mais qui refusent de céder, d’abdiquer, de renier. 
 
Non, l’apôtre de la transition pacifique à la démocratie, le prophète de la démocratie, attaché aux valeurs de liberté, de tolérance et de paix n’est pas un criminel et ne peut pas établir de plan d’extermination de populations civiles, de son peuple. 
 
L’opinion dissidente d’un des trois juges, malgré les moyens colossaux déployés par l’accusation et tout le temps accordé au Procureur pour apporter les preuves de la culpabilité de Laurent Gbagbo, est un cri, une indignation qui innocente Laurent Gbagbo.
 
Ce procès n’est pas le procès d’un homme. C’est le procès d’une ambition, d’une vision, d’un idéal. C’est le procès de la démocratie, c’est le procès de la liberté, le procès de la dignité. C’est le procès de l’Afrique. C’est notre procès. Nous devons le gagner. 
 
« Je n’irai pas à New-York pour montrer à tous que la Côte d’Ivoire est une terre des hommes ».
Ces propos tenus par le Président Laurent Gbagbo en 2006 pour dénoncer les intrigues du Groupe de Travail International (GTI) dans le traitement de la crise ivoirienne, est un mot d’ordre pour la résistance, pour la lutte.
 
La Côte d’Ivoire est une terre des hommes. Des hommes remplis de vaillance pour relever sa dignité. Le Président Laurent Gbagbo a montré le chemin. Il a fait sa part du travail. Laurent Gbagbo a forgé et mis entre nos mains l’instrument de notre émancipation individuelle et collective, la clé de l’avenir de la nation.

A nous de faire notre part. Notre part c’est de nous mobiliser et d’assurer une plus grande coordination de nos activités en vue de réussir efficacement la libération du Président Laurent Gbagbo. C’est pourquoi j’ai décidé de nommer dans les prochains jours un Secrétariat National chargé spécialement de la coordination des actions pour la libération du Président Laurent Gbagbo.
 
Ivoiriennes, Ivoiriens, amis de la Côte d’ivoire, vous tous qui souffrez du drame que vit notre pays, rejoignez-nous dans la lutte pour la vérité, pour la justice, pour la libération du Président Laurent Gbagbo et pour la restauration de la Côte d’Ivoire. Nous le devons, nous le pouvons et nous le ferons : dans l’union, dans la discipline, dans la cohésion et dans la solidarité.
 
Dieu nous parle. Hier encore au Brésil, il a été assourdissant. Dans la division, rien ne nous sera donné. 
Dieu nous parle. La réconciliation nationale est la clé de l’émergence.
La libération du Président Gbagbo est le moteur de la réconciliation nationale. Mobilisons nous et agissons pour la réussir.