Aboisso : Un mariage coutumier célébré entre une fillette de 14 ans et un élève de 5ème

  • 20/02/2019
  • Source : Soir Info
Le bourg de Yaou, chef-lieu de sous-préfecture du même nom, est situé à une cinquantaine de kilomètres d'Aboisso, le chef-lieu de département. Ce paisible village du canton Dandji, est depuis quelques semaines, sous le feu de la rampe. Cela, suite à un mariage concernant une fillette de 14 ans et un collégien de 17 ans, tous deux mineurs.

Selon ce qu'on apprend, courant janvier 2019, un planteur d'origine burkinabé, du nom de Pézongo issa, prend langue avec madame le principal du collège moderne de Yaou. Le chef d'établissement que ce producteur de cacao trouve à son cabinet, au sein dudit établissement, est informé par son visiteur que son fils en classe de 5è et âgé de 17 ans, va coutumièrement célébrer son mariage. Stupéfaite, la cheffe d'établissement, selon des sources recoupées, tente de dissuader le père de son élève quant à la faisabilité de ce qu'elle vient d'entendre.

En bonne mère de famille et pédagogue, elle conseille à son hôte, de plutôt laisser l'enfant grandir, et s'investir dans ses études, pour qu’il ait un bon parcours scolaire, avec au final, un boulot qui lui permettra de se prendre en charge. En sus, elle ne voudrait pas que l'apprenant soit la risée de ses camarades d'école. Aussi, pour faire échec au plan envisagé par le parent d'élève, le principal informe le sous-préfet de la localité. Convoqué, Pézongo Issa se voit enjoint par l'autorité administrative, d’arrêter son projet. Peine perdue. Puisque, nonobstant les injonctions du sous-préfet et du principal, les Pézongo vont lier les deux mineurs, pour le meilleur et le pire.

Un proche de la famille Pézongo, que nous avons joint par téléphone, le dimanche 17 février 2019, a tenté de justifier l'acte de ses compatriotes. "En fait, en se déplaçant vers les autorités, c'était juste pour des civilités. Sinon, le mariage a suivi la procédure normale, comme tout mariage traditionnel. Nous l'avons fait parce que les deux enfants se fréquentaient déjà au vu et au su de tout le monde. Et puis, c'est mieux ainsi pour responsabiliser très tôt les enfants, surtout le garçon ", a dit de façon péremptoire, notre interlocuteur pour qui, il n'y a pas le feu en la demeure. Dans la même veine, enjointe par son ministère de tutelle, la responsable du Centre social d'Ayamé s'est gardée de livrer le contenu de son enquête visant l'annulation de ce mariage qui marque certains esprits. Mais qui met au grand jour la réalité méconnue de l'opinion, sur une pratique de plus en plus courante dans certaines communautés, dans la contrée du Sanwi.

 

J.Bédel