« 60% des entreprises de presse n'appliquent pas la convention collective » (Syndicat)

  • 02/05/2014
  • Source : APA
Guillaume Gbato, secrétaire général du Syndicat national des agents de la presse privée de Côte d’Ivoire (SYNAPP-CI) a déclaré, vendredi, que « 60% des entreprises de presse n’appliquent pas la convention collective ».

Le journaliste syndicaliste prononçait, dans le cadre de la journée internationale de la presse, une conférence autour du thème « application de la Convention collective annexe des journalistes et professionnels de la communication: bilan et perspectives », sous l'égide de l'Union nationale de journalistes de Côte d'Ivoire (UNJCI).
 
Pour Guillaume Gbato, une convention collective qui est un accord écrit découlant, de négociations entre syndicats d'employeurs et de salariés, complète, en les améliorant, les dispositions du Code du travail en instituant des dispositions qui n'y sont pas prévus tels que les salaires minimaux ou un régime de prévoyance sociale.
 
«Dans notre cas de la presse ivoirienne, notre convention est à l'origine, une annexe de la convention collective interprofessionnelle de 1977. Laquelle a été signée entre les travailleurs de Fraternité Matin, seul journal à l'époque (ndlr : organe à capitaux publics) et leur employeur en 1983 » a rappelé Guillaume Gbato.
 
Selon lui, avec le printemps de la presse intervenu en 1990, certaines entreprises de presse comme la SADEA Editions, qui éditait à l'époque, le quotidien La Voie, ont essayé de s'y conformer, car, a-t-il justifié « justement, à l'époque, plusieurs animateurs et inspirateurs de cette entreprise étaient issus de Fraternité Matin ».
 
« Aujourd'hui, seules deux entreprises de presse, à savoir, La Refondation SA, éditrice de Notre voie et Mayama Edition, éditrice de Le Patriote appliquent plus ou moins la convention collective » a révélé M. Gbato.
 
Par ailleurs, s'appuyant sur un communiqué du Conseil national de la presse (CNP), l'organe officiel de régulation du secteur de la presse écrite en Côte d'Ivoire, après une « mission d'évaluation et de contrôle de la gouvernance des entreprises de presse » le secrétaire général du SYNAPP-CI a fait le constat suivant.
 
« Un nombre considérable d'entreprises de presse évolue dans l'informel, 50% des rédacteurs en chef ne sont pas détenteurs de la carte d'identité de journaliste professionnel, 60% des entreprises de presse ne payent pas leurs journalistes professionnels et professionnels de la communication au niveau minimum des 1400 points requis par le protocole d'accord sur l'application de la convention collective » a souligné Guillaume Gbato.
 
En outre, il a indiqué que 66% des entreprises de presse n'ont pas déclaré leurs employés à la caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), dénonçant le patronat de la presse regroupé au sein du Groupement des éditeurs de presse de Côte d'Ivoire (GEPCI).
 
« Depuis six ans, le GEPCI fait du dilatoire et trouve toujours des arguments pour se soustraire à ses engagements pris publiquement et en toute responsabilité. (…) Mieux, les patrons de presse viennent de procéder à l'augmentation des prix des journaux avec pour objectif annoncé, de mieux payer leurs travailleurs » a-t-il poursuivi, insistant qu'à la date du 7 mai prochain réclamée par le GEPCI pour faire connaitre sa décision sur l'application de la convention collective, « le syndicat se réserve le droit de saisir le Procureur de la République » si rien n'est fait.
 
« La seule voie qui s'offre aux travailleurs des médias de Côte d'Ivoire s'ils veulent voir la convention collective s'appliquer , c'est d'intensifier la lutte syndicale, en dénonçant avec force les violations du droit de travail qui fleurissent partout en ce moment dans nos entreprises de presse » a conclu M. Gbato.
 
En Côte d'Ivoire, la célébration de la journée de la presse sera marquée, samedi, par une procession de 6 kms des journalistes professionnels et des professionnels des média, qui partira, du siège de Fraternité Matin à Adjamé (Nord d'Abidjan) à la Maison de la Presse d'Abidjan, sise au Plateau, dans le quartier administratif et d'affaires au centre de la capitale économique ivoirienne.
  HS/ls/APA