2015: La présidentielle sans le FPI ?

  • 07/12/2013
  • Source : Nord-Sud
Aucun signe avant-coureur de la participation du Front populaire ivoirien (Fpi) à la prochaine élection présidentielle.

La question de la participation ou non d’un parti politique à la présidentielle de 2015 n’est pas dénuée de sens à l’heure actuelle. Elle a même été (re)mise au goût du jour par l’appel du 29 novembre du président de la République à la «préparer» activement. Le message d’Alassane Ouattara, alors en visite d’Etat dans la région de Gbêkê, du 25 au 29 novembre, s’adressait notamment au Front populaire ivoirien (Fpi).

La direction de cette formation politique l’avait invité à organiser des «états généraux de la République (…) pour décrisper  le climat social». Le parti de Laurent Gbagbo n’a pas répondu par l’affirmative ni décliné l’offre. Son président, Pascal Affi N’guessan, titillé sur le sujet par la presse le 4 décembre avait été évasif. «Le moment venu, a-t-il répondu, nous allons aviser…».

Bien entendu, c’est en homme politique avisé qu’il donne une réponse aussi laconique et subtile. Car l’usage dans un parti politique organisé veut que ce soit le Congrès ou la Convention qui décide de la conduite à tenir. Affi N’Guessan a donc esquivé en connaissance de cause, évitant ainsi de se faire prendre à défaut par ses militants. En n’anticipant pas, non seulement il tient à mériter la confiance de ses partisans mais il laisse la porte ouverte.

Les dirigeants du FPI, qui se présentent comme des «fils des élections», sauraient-ils manquer cet important rendez-vous pour l’accession à la magistrature suprême ? En effet, les ‘’bleus‘’, même déchus en décembre 2010, disent à qui veut l’entendre qu’ils n’y renoncent pas. «Nous allons présenter un candidat…» avait affirmé il y a quelques mois Sylvain Miaka Ouretto, alors président intérimaire.

Sorti de prison le 5 août 2013, Pascal Affi N’guessan a embouché la même trompette, assurant que lui et ses camarades ne se limiteraient pas à «redresser» la politique de leur adversaire, le Rassemblement des républicains (Rdr) au pouvoir. Seulement voilà, Laurent Gbagbo, détenu à La Haye, un problème de leadership se pose au Fpi. Qui sera donc son candidat ? Selon plusieurs sources proches de ce parti, de nombreux militants se posent la question.

La suspicion est d’autant plus forte chez les ‘’fronstistes‘’ que, selon Affi N’Guessan lui-même, dernièrement en conférence de presse, certains de ses camarades se demandent pour qui il ‘’travaille’’. Surtout que ses ‘’parents‘’ de M’Batto à l’Est du pays, lui ont prédit, début septembre, un destin présidentiel. «Je fais mon travail, chacun doit assumer ses responsabilités», avait-il tiré au clair. S’insurgeant contre «le procès d’intention» que lui font, selon lui, les mauvaises langues, M. Affi pense avoir clos le débat.

Il avait assuré en disant : «celui qui ne se bat pas pour Gbagbo, il n’est pas dans l’histoire». Il explique ainsi à ses partisans qu’il ne manœuvre pas dans le sens de faire oublier son mentor Gbagbo. Mais en recentrant le sujet, le président du Fpi suscite la seconde hypothèse. A savoir que son parti pourrait ne pas participer au vote. Et, il en donne les raisons. «Je ne vois pas comment on peut aller aux élections sans réconciliation…», a-t-il avancé, comme première condition. Parce que selon lui, elle sous-entend la tenue effective des états généraux de la République.

Leur autre préalable reste la «libération» de Laurent Gbagbo, incarcéré à La Haye. Mais alors, ils disent que l’ancien chef d’Etat ivoirien étant un des «acteurs majeurs» de la crise postélectorale, qui justifie le processus de réconciliation, il «doit être présent» à ces discussions nationales. Les observateurs de la politique ivoirienne se rappelleront que c’est l’argument ‘’Gbagbo ou rien ‘’ que le Fpi a mis en avant pour bouder les élections législatives, municipales et régionales. Dès lors, nul ne peut douter de leur capacité à boycotter la présidentielle à venir. Ce ne serait pas une grande première s’ils le faisaient. Car déjà en 1998, ils s’étaient abstenus, à travers un ‘’boycott actif‘’, à aller au vote face au régime Bédié, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda). Alors, les ‘’frontistes‘’ ne surprendraient personne s’ils remettaient le couvert.
 
Bidi Ignace