12 ans après la rébellion armée en Côte d'Ivoire: pourquoi le 19 septembre 2002

  • 19/09/2014
  • Source : guillaumesoro.ci
« Il n’y a pas de fumée sans feu » dit un adage. Les événements qui jalonnent l’existence des hommes sont forcément rattachés à des causes apparentes ou cachées, visibles ou invisibles.

Cela fait exactement 12 ans, jour pour jours que la Côte d’Ivoire a connu une rébellion armée qui a donné une orientation glorieuse à sa destinée. Plus d’une décennie après, il est capital que les Ivoiriens se remémorent les causes qui ont conduit Guillaume Soro et ses hommes à rétablir la dignité humaine dans notre pays. Les mêmes causes conduisant aux mêmes effets, cette démarche permettrait sans doute aux Ivoiriens d’aujourd’hui de se rappeler ces moments d’enseignement, mais également, cela permettrait aux générations à venir d’éviter ces erreurs fratricides.

Le conflit milltaro-poliique qu’a connu la Côte d’Ivoire le 19 septembre 2002 n’est assurément pas né ex-nihilo. En effet, l’origine de cette révolte réside dans un certains nombres de déviations sur lesquelles il est toujours important de revenir.
Le président Guillaume Soro, lors d’une réaction sur cette date mémorable du 19 septembre avait rappelé ceci :
« Le 19 Septembre 2002 est l’histoire d’une surprise et d’un devoir tragiques. Une Histoire qui montre à quel point l’impuissance et le désespoir d’une partie du peuple peuvent se transformer en énergie et en pugnacité. Tant que personne ne mourrait, tout cela n’aurait été que technique. S’il n’y avait pas eu de sang versé, tout cela n’aurait été qu’une joyeuse aventure. Hélas ! De jeunes gens parmi nous ont perdu la vie dans le combat pour la dignité et la liberté. Dignité, Liberté ai-je dit ! Un peuple bafoué et manquant de tout, se découvre parfois une capacité d’abnégation et de détermination insoupçonnée. Bafouer, exclure, discriminer, catégoriser un peuple, c’est bien cela, la dictature ! Citoyens, ne vous y trompez pas ! Le sourire et le rire ne rendent pas une dictature moins amère ni moins démesurée ».

On ne le dira jamais assez, le concept détourné de l’ivoirité aura été une des causes fondamentales de la crise ivoirienne qui aboutira à la rébellion de 2002. D’une compréhension culturelle, cette idée a été galvaudée à des fins politiques. Une partie du peuple, notamment les ressortissants du nord se trouvaient ainsi marginalisés et bafoués. Cette exclusion tirait sa source justement dans le fameux article 35 qui mythifiait la course à la présidence, mais au-delà, catégorisait les Ivoiriens. Les conséquences de ce dérapage politique se sentiront à tous les échelons de la vie des ivoiriens. Xénophobie, exclusion et haine entre les filles et les fils de la terre d’Eburnie découleront de ce concept déshonoré.

En outre, la manipulation politique des militaires a joué un rôle essentiel dans le soulèvement qu’a été la rébellion en 2002. En effet, l’arrivée du général Guéi au pouvoir à la suite du coup d’état en 1999 contre le président Bédié, ne mettra pas fin aux désillusions traversées par une partie des Ivoiriens. Au contraire, un malaise profond minait la grande muette. Certains d'entre eux, soupçonnés d'être favorables à Alassane Ouattara seront arrêtés, torturés à la tristement célèbre poudrière d'Akouédo et seront exécutés. Ce qui amena de nombreux militaires à s’exilés. Et grave, ces corps habillés étaient empêchés de retrouver leur pays malgré le départ du général Guéi.

Aussi, lorsque l’ex-président Gbagbo prend-il le pouvoir, selon lui dans des conditions calamiteuses, son discours est plus déconcertant sinon plus révoltant que les précédents. « Il n’y aura pas d’autres élections et la constitution ne changera pas », avait déclaré le nouveau défenseur de l’ivoirité lors de son investiture en 2001. En proférant cela, Gbagbo venait d’afficher sa caution aux dérapages qui avaient divisé les Ivoiriens jusque-là, et surtout, il déclinait ainsi sa vision lugubre de l’avenir du navire ivoire. Faut-il rappeler les morts qui ont jonché les rues de la capitale économique à la suite des contestations de cette dictature naissante ? La Côte d’Ivoire, sans nul doute, était au bord du gouffre comme l’a explicité le Président Guillaume dans son livre ‘’Pourquoi je suis devenu rebelle’’.

Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, il n’y a plus de discriminations entre les citoyens. Les tracasseries policières dirigées contre les étrangers ou les porteurs de boubous n’existent plus. Dans la paix, l’entente et la cohésion, les Ivoiriens dans leur ensemble, se sont inscrits dans la vision du Président Alassane Ouattara. C’est-à-dire l’émergence de la Côte d’Ivoire à l’horizon 2020. Avec l’appel salutaire pour l’unification des fils de Houphouet-Boigny à Daoukro du président Bédié lors de la clôture de la visite d’Etat du Président Ouattara dans l’Iffou, la réalisation de cette ambition se clarifie de plus en plus. Toutefois, le devoir de mémoire exige que la Côte d’ Ivoire n’ait pas honte de remercier ces hommes qui ont été, malgré tous, les artisans de la Liberté.