Les députés ivoiriens ont décidé de se faire entendre sur le mandat d’arrêt émis par la justice burkinabée contre le président de l’assemblée nationale ivoirienne, Soro Guillaume. Mais la question qu’un bon nombre d’ivoiriens se pose : vont-il sortir dans la rue, en solidarité au peuple burkinabé comme ils l’ont fait pour la France lors des attentats de Paris en novembre dernier ?
Jeudi 19 Novembre 2015, des députés ivoiriens ont marché de l’Assemblée nationale au monument aux morts d’Abidjan-Plateau, où ils ont déposé une gerbe de fleurs en présence de l'Ambassadeur de la France Georges Serre pour rendre un vibrant hommage aux victimes des attentats.
Cet hommage, bien que normal, a provoqué une vague d’indignations dans la société civile africaine, mais surtout sur les réseaux sociaux ou les internautes n’ont pas été tendres avec leurs représentants.
Ceux-ci déploraient le fait que les députés sont restés muets lors des attaques au Mali et au Nigéria, qui sont des pays africains, donc plus « frères ».
Notons que depuis les attentats de Charlie Hebdo en janvier 2015, en France, la société civile africaine est divisée sur les différents hommages rendus.
D’un côté, ceux qui compatissent sincèrement avec le pays, en allant même jusqu'à utiliser les hachtags et images « Je suis Charlie » ou « Pray for Paris » pour montrer leur solidarité et qui subissent parfois le courroux de certaines personnes.
De l’autre ceux qui trouvent « anormal » les différents hommages « des africains » à la métropole française.
« Les africains seront toujours derrière, quand c’est un pays africain qui est attaqué, on n’a pas de réactions, mais quand c’est la France, on va pleurer pour eux (allusion faite au président béninois qui a pleurer lors de l’hommage aux dessinateurs de Charlie Hebdo),» déplore Bertin N, un panafricaniste endurci selon ses propres termes.
Pour Jean E, « la réaction des parlementaires ivoiriens est attendue « de pied ferme » après ce qu’ils ont démontré pour la France, quand on sait que la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso entretiennent des liens fraternels très forts. »
Les regards sont donc tournés vers l’assemblée nationale, alors que les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso sont un peu tendues avec les affaires de mandat.
Le Burkina a subit sa première attaque terroriste vendredi dernier à Ouagadougou, où les djihadistes ont attaqué le restaurant Cappuccino et l’hôtel Splendid faisant une trentaine de morts dont des étrangers. L’attentat a été revendiqué par le groupe islamique AQMI.
Ahopol
Photo:APA / Des députés ivoiriens dans la rue pour rendre hommage aux victimes des attentats de Paris, le 19 novembre 2015