Privés d'eau depuis deux semaines, Le calvaire des habitants de Yopougon Attié

  • 16/12/2013
  • Source : L'Inter
Les habitants du sous-quartier Yopougon-Attié, dans la commune de Yopougon, vivent depuis près de deux semaines un véritable calvaire.

Jusqu’à hier, dimanche 15 décembre 2013, des ménages continuaient encore à sortir du quartier pour aller s’approvisionner en eau chez leurs voisins de Andokoi. Et pour cause, l’eau a cessé de couler dans les robinets depuis plusieurs semaines. Des ménages ont confié que la situation va de mal en pis. « On ne sait pas ce qui se passe, mais on n’a pas d’eau. Même les voisins, qui avaient commencé à avoir de l’eau récemment, n’en reçoivent plus. Nous sommes obligés d’aller chercher de l’eau à Andokoi », a déploré une ménagère. Les revendeurs d’eau se frottent les mains, pendant que des mères de familles font des kilomètres à pied à la recherche du liquide précieux, à savoir l'eau potable.
 
Approchés le vendredi 13 décembre 2013, les responsables de la Société de distribution d’eau de Côte d’Ivoire (SODECI), ont justifié ces coupures d’eau en évoquant des baisses de pression et la destruction de canalisations. « Dans la commune de Yopougon, depuis de nombreuses années, avant 1999, on rencontre des baisses de pression. Ceci est dû au fait que de façon générale, la production est insuffisante pour la population. Tout Abidjan a une insuffisance de production, Yopougon le ressent aussi. La situation a empiré avec les différentes crises.

La population sur Abidjan s’est accrue alors que la production d’eau n’avait pas connu d’augmentation réelle. Aujourd’hui, de nombreux quartiers ressentent ce manque. Dans ces quartiers, on a des baisses de pressions qui peuvent aller jusqu’au manque d’eau, en fonction de la position des zones, par exemple les quartiers en hauteur », a expliqué le directeur régional de la Sodeci de Yopougon, Kinimo Hilaire, au cours d'un entretien au Centre des métiers de l'eau (CMEAU), à Yopougon.
 
En ce qui concerne Yopougon Attié, il a indiqué qu’effectivement depuis deux semaines, il y a eu des problèmes. « Entre le 30 novembre et le 05 décembre 2013, nous avons eu des perturbations au niveau de nos usines de production. Ces perturbations sont liées à l’électricité. Nous produisons de l’eau à partir de l’électricité, puisque nous utilisons des pompes pour tirer l’eau des forages. Il y a eu des coupures d’électricité et des travaux qui ont provoqué la destruction des canalisations. Tout cela a engendré la perturbation de la production de l’eau », a mentionné le DR de Yopougon.
 
Ce dernier a confié qu’à chaque fois qu’il y a une perturbation de la production, le temps que le réseau revienne à l’équilibre, ‘’il faut quelques jours. « Parce que le réseau se vide entièrement et le temps de le remplir à nouveau avant que les populations ne commencent à avoir de l’eau, on en a pour quatre, voire cinq jours. C’est cette situation qu’on a rencontré récemment à Yopougon Attié, dans la portion située légèrement plus en hauteur ».
 
Le DR de Yopougon a rassuré qu’aujourd’hui, les choses commencent à s’améliorer. Kinimo Hilaire a confié que l’eau commence à arriver au robinet la nuit, peu après minuit. « On commence à revenir à la situation antérieure. L’Etat a mis à notre disposition un certain nombre de camions citernes qui nous permettent de soulager les populations privées d'eau. Dans le cas de Yopougon Attié, cette portion est d’un accès difficile. Les camions ne peuvent pas y accéder à cause de la dégradation de certaines voies. Notre camion citerne reste donc en périphérie du quartier pour servir les populations de la zone sinistrée », a affirmé le DR de Yopougon. Qui a insisté que le réseau est en train de revenir à l’équilibre. Il a même rassuré que ‘’d’ici deux à trois jours, le réseau sera à la situation antérieure’’.
 
Au-delà du cas de Yopougon Attié, Kinimo Hilaire a confié que pour régler définitivement les problèmes d’approvisionnement des populations en eau potable, l’Etat est à pied d’œuvre. « Il y a des travaux qui ont démarré. Depuis le Programme présidentiel d’urgence (PPU), il y a eu un certain nombre de forages. C’est lorsque l’usine en construction à Niangon sera terminée que les problèmes de Yopougon seront réglés », a mentionné le DR de Yopougon.
 
Le directeur exploitation Sodeci Abidjan, Angofi Jacob a indiqué que la Sodeci fait des pieds et des mains  pour que la production d'eau qui existe aujourd’hui, bien qu’elle soit insuffisante, aille aux populations. « Aujourd’hui, on a des difficultés dans certains quartiers où il y a la fraude. La fraude empêche les clients réguliers d’avoir de l’eau. Très souvent, on a du mal à détecter cette fraude parce que nos réseaux sont enterrés.

A ce niveau, on a besoin de l’appui des populations pour avoir des informations », a-t-il sollicité. Puis de faire remarquer que c’est dans les quartiers périurbains qu’on trouve le plus de fraude. « Notre combat est que le périurbain puisse aussi avoir accès de plus en plus facilement à l’eau à travers des branchements subventionnés », a-t-il plaidé. Angofi Jacob a insisté pour indiquer que si la fraude dans le secteur de l’eau a toujours cours, c’est aussi parce qu’il n’y a pas de loi punitive pour la sanctionner.
 
Irène BATH