Me Blédé Dahora (membre du collectif des avocats de Simone Gbagbo): ‘’Le gouvernement doit écrire à la CPI pour qu’il peut aussi juger Laurent Gbagbo ici’’

  • 21/09/2013
  • Source : L'Intelligent d'Abidjan

Me Blédé fait partie du collectif des avocats ivoiriens qui défend Simone Gbagbo. Dans cet entretien au téléphone, il livre son opinion sur la décision prise hier en conseil des ministres. Pour lui, il n’y avait pas autre décision à prendre que celle-là

Le gouvernement ivoirien a décidé de ne pas livrer Simone Gbagbo à la Cpi. Il argue que les juridictions nationales sont à même de lui garantir un procès équitable. Comment accueillez-vous cette décision en tant qu’avocat de la défense?

Depuis le début, nous avions dit que le gouvernement ivoirien n’allait pas transférer Simone Gbagbo à la Cpi. La raison est toute simple. Parce qu’en même temps que Simone Gbagbo, il fallait transférer plusieurs personnes dont des gens issus de l’ex-rébellion. Donc devant ces choses là, le gouvernement ivoirien avait déjà fait le pari qu’il n’allait pas transférer quelqu’un à la Cpi.

Lorsqu’on transférait Laurent Gbagbo, nous étions à l’audience à Korhogo, nous avons demandé qu’il nous laisse suffisamment de temps pour voir dans quelle mesure on pouvait analyser ce dossier. Nous avions dit que par rapport à ce qu’on reprochait à Laurent Gbagbo, la Côte d’Ivoire pouvait le juger. Aujourd’hui, on nous dit, pour les mêmes accusations portées contre Laurent Gbagbo, qu’on peut juger Simone Gbagbo en Côte d’Ivoire. Pour nous, c’est une farce. A chaud, je vous dis que depuis le début, nous avions pensé que ni Simone Gbagbo, ni Blé Goudé n’irait à la Cpi.

Parce que les faire partir à la Cpi signifiait qu’il faut transférer Fofié Kouakou à la Cpi ainsi tous ceux de son camp visés par la Cpi. Mais le transfèrement de Laurent Gbagbo était un acte purement politique. Il y avait les élections législatives et il fallait l’extraire de la Côte d’Ivoire, faire quelque chose pour que les élections aient lieu. Cet épisode est aujourd’hui terminé et nous ne sommes pas surpris.

Cette décision est-elle selon vous une voie ouverte au retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire ?

A notre avis, cette décision du gouvernement signifie que Laurent Gbagbo doit rentrer et s’il doit être jugé, il le sera en Côte d’Ivoire.

Le statut de Rome prévoit-il une telle éventualité ?

Quand on procédait au transfèrement de Laurent Gbagbo, on a lu les textes ensemble. Et le procureur de la République en son temps nous avait dit que ce n’est pas important ! En principe on envoie quelqu’un à la Cpi quand son Etat ne peut pas lui garantir un procès équitable. Mais à partir du moment où on estime qu’on peut garantir un procès équitable, on n’a plus besoin d’aller à la Cpi.

En principe, la Côte d’Ivoire doit écrire à la Cpi pour dire que, au moment où nous le transférions, on ne pouvait pas garantir un procès équitable mais maintenant ceci est possible. On poursuit Laurent Gbagbo pour les mêmes prétendus crimes que son épouse donc logiquement, si on peut juger Simone Gbagbo en Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo doit revenir dans son pays.

Par S. Debailly