La faillite de l’économie mauritanienne

  • 10/08/2017
  • Source : Le Monde Afrique
Lorsque le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, parvient au pouvoir en 2008, ce militaire est particulièrement chanceux. Le pouvoir mauritanien va découvrir qu’il est assis sur un tas d’or.Tout d’abord, la charge de la dette extérieure a été pratiquement réduite à zéro grâce à la gestion rigoureuse d’un de ses prédécesseurs, le président Ely Ould Mohamed Vall, qui se trouvait aux commandes du pays entre 2005 et 2007. Ensuite, les richesses pétrolières et minières, qui conditionnent l’état de cette économie vulnérable, vont connaitre une formidable embellie entre 2010 à 2014.

Hélas, la présidence mauritanienne va dilapider cette cagnotte inespérée. Du coup, ce pays se retrouve fort démuni aujourd’hui, alors que le retournement de conjoncture des cours miniers et pétroliers ont fait chuter drastiquement les ressources du pays. Aucun chantier structurant, aucun bas de laine pour amortir la crise actuelle des liquidités.

Des niveaux records

Durant les quatre années fastes qui vont de 2010 à 2014, l’économie mauritanienne enregistre des performances exceptionnelles. Le taux de croissance est de 5,5% en moyenne (contre 1% précédemment). Les recettes provenant des exportations ont augmenté en quatre ans de 71%. Les seules recettes annuelles du budget de l’Etat ont doublé en passant d’un niveau de 200 milliards d’ougayas par an à plus de 400 milliards d’ougayas. Les investissements directs de l’étranger, attirés par des participations dans les groupes industriels mauritaniens florissants, vont progresser, eux aussi, de façon spectaculaire, atteignant le niveau record de 756 millions de dollars par an.

Autant de résultats brillants qui s’expliquent par la hausse vertigineuse des matières premières. Le chiffre d’affaires de la SNIM, qui détient le monopole de l’exploitation du fer, la principale richesse du pays, progresse de 140% en moyenne annuelle à production inchangée. A cette manne, s’ajoute les débuts de la production d’or après 2008. L’once qui valait en moyenne 760 dollars entre 2006 et 2008 voit son cours doubler pour atteindre 1428 dollars après 2010. Sans parler de la découverte de richesses en cuivre et de ressources pétrolières, le tout dans un climat de flambée des prix.

Même les exportation de la pêche qui se chiffraient à 280 millions de dollars ont connu un bond considérable de 2011 à 2014 en dépassant les 400 millions de dollars en moyenne annuelle.

L’explosion de la dette

Au total entre 2010 et mi 2014, la Mauritanie a encaissé un volume considérable de ressources extérieures s’élevant à 17,24 milliards de dollars. Or la surprise, la voici: d’après les chiffres que « Mondafrique » s’est procuré, le pouvoir mauritanien, bien que gorgé de ressources, a continué à charger la barque de l’endettement public.

En l’absence de données officielles, soigneusement tenues secrètes, il nous faut retenir les chiffres de la chef de mission du FMI qui a séjourné cet hiver en Mauritanie et que nous avons pu consulter. L’encours de la dette mauritanienne s’élève désormais à 4,904 milliards de dollars, soit une progression de 153% durant les six années qui vont de 2010 à 2015.