Hamed Bakayoko et Manuel Valls : «Les terroristes veulent frapper»

  • 18/11/2013
  • Source : Nord-Sud
La guerre au Nord-Mali se déplace. Les terroristes veulent attaquer la France et tous les autres pays africains engagés dans ce conflit, d’après les ministres Hamed Bakayoko et Manuel Valls.

Les menaces d’attaques d’Al-Qaïda au Maghreb (Aqmi) contre la France et les pays africains notamment la Côte d’Ivoire, engagée dans la guerre au Nord-Mali sont prises au sérieux. Hamed Bakayoko, ministre de l’Intérieur et de la sécurité et son homologue français, Manuel Valls, ont annoncé qu’ils sont conscients des défis sécuritaires et des projets d’attaques des terroristes contre leurs deux pays eu égard à leur engagement dans la guerre au Mali.

«Le contexte sécuritaire international est fragile, notamment dans cette zone d’Afrique que vous êtes en train de parcourir et où les forces françaises sont encore impliquées dans la lutte contre le terrorisme. Nous sommes conscients des défis à relever dans ce domaine.
C’est pourquoi le renforcement des capacités de nos services de renseignements nous paraît essentiel pour nous permettre d’anticiper et de faire face aux menaces qui ont plusieurs visages aujourd’hui», a prévenu le ministre ivoirien de la Sécurité, samedi à l’Ecole de police à Cocody, lors de la réception de 500 pistolets automatiques et de matériels informatiques (dons de la France) destinés à la police et à la gendarmerie. Entre la France et la Côte d’Ivoire, a renchérit Manuel Valls, «nous partageons les mêmes intérêts, les mêmes valeurs.

Celles de la démocratie et dans le même domaine de la lutte contre le terrorisme comme vous l’avez dit. Le terroriste frappe de manière aveugle les Etats démocratiques qui se battent pour la même cause qui est d’instaurer la démocratie partout. Je veux saluer le soutien et l’engagement de la Côte d’Ivoire aux côtés d’autres pays africains et de la France dans cette opération essentielle visant à instaurer l’intégrité de l’Etat du Mali». Selon lui, le soutien du Président Ouattara et de son gouvernement a été très important pour légitimer au niveau international cette opération.

«C’est ensemble, à travers l’échange d’informations et l’analyse que nous devons bâtir une politique de renseignements efficace qui permet d’anticiper et de faire face à la menace terroriste. A ce niveau, vous me trouverez à vos côtés pour répondre à vos attentes et à vos demandes. Nous savons que les terroristes veulent frapper la France et les pays amis notamment la Côte d’Ivoire engagés dans la guerre au Mali.

Nous devons être très attentifs à ces menaces. Nous ne devons jamais baisser la garde. (…) La Côte d’Ivoire est un grand pays qui doit retenir notre attention. La Côte d’Ivoire est un grand pays de par sa situation géographique; par sa richesse, par son dynamisme de sa population, par son économie et les liens qui nous unissent. Donc, nous ne devons jamais baisser la garde», a insisté M. Valls.
 
Que faut-il faire pour contrer la menace d’Aqmi ?


Pour le ministre Hamed Bakayoko, au plan domestique, la solution se trouve dans la formation d’unité spécialisée et au niveau sous-régional dans la mise en place d’un observatoire avec l’appui technique et logistique de l’ancienne puissance coloniale. «Au plan national, nous avons créé la Force d’assaut et de recherche de la police nationale (Frap) qui reçoit en ce moment même, pour la seconde année consécutive, un stage de renforcement des capacités avec l’assistance de deux spécialistes du Raid Français (Recherche, assistance, intervention, dissuasion, ndlr).

Grâce à vous, nous ambitionnons d’en faire une force du même type, très spécialisée, capable d’intervenir rapidement dans la sous- région pour des actes terroristes, tels que les prises d’otages ou les détournements d’aéronefs. L’exemple récent de l’attaque d’un supermarché au Kenya montre bien la nécessité de disposer d’une telle unité spécialisée.

Dans ce contexte, la mise en place d’un observatoire régional d’alerte et d’analyse stratégique permettrait sans aucun doute une progression en efficacité dans l’adressage des questions sécuritaires au sein de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, Ndlr)», a-t-il indiqué. Cette demande n’est pas tombée dans des oreilles de sourd car les deux ministres ont signé, au cabinet ministériel au Plateau, en fin de matinée de ce samedi-là, une convention relative au développement d’action et de coopération en matière de sécurité intérieure. Inutile de dire que Manuel Valls a été reçu par la suite en audience par le Président Ouattara au palais. Le chef de l’Etat l’a élevé au grade de commandeur de l’ordre national.
 
Ouattara Moussa