Georges Ouégnin, un homme qui en a gros sur le coeur? Il ne veut plus garder seul ses secrets sur la Côte d'Ivoire

  • 27/08/2013
  • Source : linfodrome.com

La réaction de l’ambassadeur Georges Ouégnin à l’article de Le Nouveau Réveil, qu’il a trouvé mensonger et diffamateur, révèle bien plus qu’une volonté de protéger sa famille.

Parce que l’on a touché à sa famille qui est pour lui « quelque chose de sacré », Georges Ouégnin, le diplomate hors pair, a fait de graves révélations sur le président Henri Konan Bédié. Celui qui a eu le privilège d’être à lui seul dans le secret de plusieurs chefs d’État ivoirien, particulièrement le père de la Nation, le président Félix Houphouët Boigny, n’ a pas pu se retenir pour divulguer ce l’on pourrait appeler un secret d’État. « Je vais faire un aveu et désormais, ce sera ainsi, chaque fois qu’on s’en prendra indirectement ou directement à ma famille », a-t-il prévenu.

Pour cette première sortie, le président du PDCI Henri, Konan Bédié, qui n’est pas forcément l’instigateur de l’article qui a mis hors de lui le diplomate, en paie les frais. « Oui, c’est vrai, je l’avoue. Oui, je le reconnais. J’ai demandé pardon au président Bédié. C’était la seule fois de ma vie que je le faisais. Mais ce n’était pas pour qu’il accepte de faire de ma fille la candidate du Pdci-Rda aux législatives de 2011 à Cocody.

La seule fois de ma vie où j’ai demandé pardon au Président Bédié, c’était le mardi 21 décembre 1999. Ce jour-là, il était encore le Président de la République de Côte d’Ivoire et je l’ai trouvé dans sa chambre. Il préparait le message qu’il devait adresser le lendemain à la Nation, à l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Je me suis mis à genoux, je dis bien, à genoux devant le Président Bédié, il ne peut démentir ce que je dis aujourd’hui.

Je lui ai tenu les pieds, le suppliant presque, pour lui dire : M. le Président, libérez les dirigeants du RDR, Henriette Diabaté, Hamed Bakayoko et tous les autres que vous avez fait emprisonner en novembre 1999, à la suite d’une manifestation organisée pour réclamer des réformes démocratiques en vue des élections de 2000. Je lui ai dit : faites comme le Président Houphouët-Boigny, profitez de votre passage devant l’Assemblée nationale à l’occasion de votre message à la nation, pour libérer, devant le peuple de Côte d’Ivoire, tous ces dirigeants du Rdr. Vous leur diriez, bientôt c’est la fête de noël, bientôt c’est la Tabaski (cette année-là, ces fêtes coïncidaient presque), bientôt, c’est l’an 2000, le nouveau millénaire. Profitez de cela M. le Président et dites-leur, rentrez chez vous, allez retrouver vos familles, on va travailler tous ensemble pour la Côte d’Ivoire, notre patrie commune.

Le Président Bédié m’a dit textuellement : « Non, non, tu vas voir ce que je vais faire… » Et je lui ai dit, toujours à genoux devant lui : non, M. le Président, votre image est à terre, et en Côte d’Ivoire et à travers le monde ; vous devez vous ressaisir. Franchement, si vous faites ce geste, vous rentrerez dans l’histoire. C’est ce que le Président Houphouët-Boigny a fait quand il a libéré les prisonniers de Yamoussoukro. Il les a amenés à l’Assemblée et il a dit : « nous avons commencé à construire la Côte d’Ivoire, allez, rentrez chez vous et mettez votre pierre dans cette construction… » Le Président Bédié m’a, de nouveau, répondu : « Oui, oui, tu vas voir mon discours… »

La suite, on la connaît…et je n’en dirai pas plus ! Je reconnais donc que là, je lui ai demandé pardon, Dieu m’en est témoin. Et il est témoin que, en novembre 2011, lorsque je lui ai rendu visite avec toute ma famille, ce n’était pas pour le supplier de faire de ma fille la candidate du Pdci. Si mes supplications avaient de l’effet sur M. Henri Konan Bédié, il n’y aurait jamais eu le 24 décembre 1999 et la Côte d’Ivoire aurait fait l’économie de toutes les meurtrissures, toutes les haines, toutes les fractures, tout le sang du peuple ivoirien versé inutilement depuis la disparition du père fondateur, Félix Houphouët-Boigny. Je n’en dirai pas plus... ».

Apparemment, Ouégnin en voulait plus à Bédié pour les conséquences de son refus de l’écouter qui a occasionné le drame que lui même a relevé, bien plus que la diffamation du journal contre sa famille. Il se voit que l’homme n’avait jamais digéré cet acte posé par le deuxième président de la République de Côte d’Ivoire. Que certainement, il a de tout temps vu comme une comédie l’alliance entre le PDCI et le RDR ainsi que la relation entre Ouattara et Bédié. Mais, surtout avec beaucoup de souffrances qu’on présente le président du PDCI comme un sage, un démocrate.

Cette sortie de Ouégnin donne l’impression qu’il en avait assez de Bédié et que l’article du journal proche du PDCI est la goutte qui a fait déborder le vase, et qui risque de transformer la flaque d’eau en une rivière, au regard des menaces proférées par celui qui dit détenir les secrets que bien d’Ivoiriens ignorent. Comment comprendre, qu’au lieu de s’attaquer uniquement au journal, l’homme fait des révélations très graves sur le président de son parti, susceptibles de réveiller de vieux mauvais souvenirs, au moment où l’alliance entre les deux partis bat de l’aile ?

Cette glissade de l’ambassadeur n’était pas appropriée, à moins qu’il y ait une intention cachée. Dans tous les cas, elle confirme cet adage biblique qui dit que « Celui qui est prompt à la colère fait des sottises, et l'homme plein de malice s'attire la haine ». Certainement que le diplomate est en train de regretter sa sortie contre Bédié, s’il n’était pas la cible. Car il l’a livré à la vindicte populaire. On peut dire que l’homme a manqué de retenue, donc de sagesse eu égard à ces passages des Proverbes 21 : 23 et 14 : qui disent respectivement : « Celui qui veille sur sa bouche et sur sa langue préserve son âme des angoisses ». Quand aux autres, ils sont avertis. Ils devront se tenir correctement avec l'ambassadeur au risque de voir leurs déchets être mis sur la place publique.

César DJEDJE MEL