Face à la déferlante coupé-décalé : Voici comment le Zouglou résiste

  • 26/03/2018
  • Source : Linter
Depuis une décennie, le Zouglou fait face à un concurrent, le Coupé-décalé. Pour tenir la route, le rythme a enregistré, depuis, de nouveaux soldats. Zoom sur ces nouveaux gardiens du temple zouglou face au mouvement cher à Douk Saga…

Né en 1990 pour porter en musique les revendications des étudiants, le Zouglou s’est vite adjugé la carte d’identité musicale de la Côte d’Ivoire. Pendant plus de vingt ans, il aura tenu avec une certaine fierté et une floraison d’artistes cette carte. Mais, passée la génération des Parents du campus, System Gazeur, Zouglou Mania..., qui lui ont donné ses premières notes, puis celle des Espoirs 2000, Yodé & Siro, Mercenaires..., qui ont signé ses lettres de noblesse, le zouglou a vu son autorité mise à rude épreuve depuis la naissance du Coupé--décalé en 2002.

Avec son style particulier cousu entre la mode, le bling bling, ce rythme a vite fait de conquérir la jeunesse, qui constitue le cœur de cible des mélomanes ivoiriens et africains. Paradoxalement, depuis plus d’une décennie, alors que le Coupé-décalé est au premier plan sous les projecteurs du show-biz, le zouglou, lui, semble avoir perdu la voix. De toute évidence, les tenants d’alors comme Espoir 2000, Yodé & Siro, Petit Denis, Dezzy Champion…, peinaient à tenir le rythme effréné du Coupé-décalé, qui accouche, chaque deux mois, d’un nouveau concept. Des productions qui se hissent rapidement au sommet des hits, et entraînent les passionnés de cette musique sur les pistes de danse locales et internationales.

De nombreux observateurs et des voix n’ont pas hésité à évoquer ouvertement la mort du Zouglou. Attribuant, par la même occasion, au mouvement cher à feu Douk Saga, la carte d’identité musicale ivoirienne. Mais, ces 10 dernières années, l’éclosion de certains (jeunes) groupes dont les productions redorent le blason de ce genre musical, ramène l’espoir dans la famille zouglou. Aussi différents par leurs styles que leurs histoires, ces nouveaux gardiens du temple zouglou (la liste n’est pas exhaustive) ont surtout compris les nouvelles donnes du marché discographique (single, promo internet, etc) et s’y sont résolument inscrits. Et cela leur réussit.

 Le groupe Révolution. «Groupement tactique de la révolution zougloutique », comme ils se font appeler, ces quatre garçons, qui l’ont toujours revendiqué, peuvent se targuer d’avoir changé le visage du Zouglou. Avec leur Zouglou enrobé de rythme Coupé-décalé, le groupe s’est imposé par son style de chant très poétique. Composé de Prométhée, Zokora, Issa et Saï qui sont en réalité les poulains d’Eric Patron, le groupe rêve encore grand. « Je bois plus », le dernier single sorti en décembre 2016, aura battu tous les records sur le marché discographique ivoirien. Aux dernières nouvelles, les poulains de Patrick Odjé ''le sélectionneur'' préparent un nouveau single dénommé « Celle à qui je mens ». Une œuvre qui, si tout se passe bien, devrait sortir le 30 mars 2018.

Les Patrons. Réduits désormais à deux membres, Les Patrons reste un groupe qui compte dans la sphère zouglou. Se singularisant par de belles mélodies qui portent des textes aux messages pertinents, le groupe, depuis ces 15 dernières années, tient la dragée haute au Coupé-décalé. Ce à travers des productions toujours empreintes de recherche et d’ouverture. Depuis 2003, ils enchaînent les voyages en Europe et autres participations à des festivals. Leurs nombreux featuring avec des artistes étrangers de renom font d’eux une des valeurs sûre de la musique zouglou. « La Magie », leur dernier album, est venu confirmer la bonne santé de ce groupe.

Yabongo Lova. Lui, se fait appeler « Le capitaine de la nouvelle génération du Zouglou ». C’est en 2005 qu’il débarque sur les bords de la lagune ébrié, en provenance de Daloa. Sur place, il commence par officier comme Disc-jockey (Dj) dans des maquis de renom. C’est dans ce milieu qu’il prend le surnom de Yabongo. Aujourd’hui artiste polyvalent, le garçon, de son nom à l’état civil Franck Bially, fait partie des plus belles promesses de la musique zouglou de ces dernières années. Depuis son premier coup d’essai, « Mets-moi à l’aise », qui est devenu un coup de maître, Yabongo Lova sillonne les capitales européennes pour des spectacles. En marge des démêlés avec son ancien producteur, l’artiste compte aller plus haut avec la sortie de «Plus qu’une lumière », son second album, avec lequel il est déjà en tournée en Europe depuis quelques semaines...