En Côte d'Ivoire, chacun sait pourquoi il passe son permis de conduire

  • 18/05/2016
  • Source : Lebabi.net
En Côte d’Ivoire, depuis quelques années, le nombre de détenteur du permis de conduire a connu une explosion sans précédent. Cependant, une fois le sésame en main, combien ont « la chance » de mettre en pratique ce qu’ils ont appris à l’auto-école ?

 3, 6 ou souvent 10 ans, c’est le nombre d’année qui sépare, pour certains, la date d’obtention du permis à la première conduite. D’autres par contre ont l’occasion de rouler une ou deux nuits au quartier avec un ami chauffeur de taxi ou propriétaire d’une  voiture personnelle.
 
C’est le cas de Michel Hien qui a obtenu son permis depuis plus de 5ans. « Moi, j’ai passé le permis il y a 5 ans parce que j’ai eu un bon de réduction, comme c’est dur d’avoir un travail décent dans le domaine, je m’entraine des soirs avec un ami pour garder la main ».
 
Cette « aide » n’est cependant pas toujours gratuite, mais le montant varie selon l’affinité avec le conducteur du véhicule. Certains, plus dans le besoin, font « devant occupé », c'est-à-dire qu’ils payent l’équivalent d’une place dans le véhicule de transport en commun. 
 
Assis près du chauffeur ils bénéficient de ses conseils, se familiarisant avec les rouages de la conduite et ce durant toute la journée.
 
Les personnes qui passent  l’examen du  permis de conduire n’ont pas toutes les mêmes besoins. Des jeunes gens comme Aimé Sané le  font pour accroître leur chance d’obtenir un emploi.
 
«Une fois, j’ai été recalé pour un job parce que je n’avais pas le permis, donc maintenant je l’ai au cas où l’occasion se présente. En plus ça augmente mes chances », lance-t-il fièrement.
 
Bernadette S. qui prépare un voyage en France s’est inscrite depuis peu dans une auto-école de la capitale abidjanaise, parce que le permis de conduire fait partie des éléments à fournir pour l’obtention de son visa.
 
Les motivations sont certes justes, cependant celui qui ne pratique pas, fini par perdre la main, et le permis tant recherché deviens un simple papier servira juste pour des opérations de toutes sortes qui nécessitent son utilisation.
 
Aussi, la paupérisation croissante de la population et la cherté de la vie amenuisent les chances d’avoir un véhicule à eux.  Même si les voitures peuvent s’acquérir aujourd’hui  à des prix plus ou  moins raisonnables avec le système «France au revoir », elles  n’en demeurent pas moins  un signe extérieur de richesse et non une nécessité sous nos tropiques.
 
Pour  remédier à ce problème, les pouvoirs publiques pourraient peut-être en collaboration avec les auto-écoles initier un programme de mise à niveau périodique obligatoire  des détenteurs de permis de conduire pour que ces derniers ne perdent pas leur automatisme.
 
Un allègement fiscal en faveur des importateurs de véhicules réduirait leur coût, augmentant ainsi  les chances du citoyen lambda d’acquérir un véhicule.
 
Mais tout cela passe par la réhabilitation, l’aménagement et la création d’infrastructures routières, afin d’assurer la qualité de la fluidité et limiter le risque d’accident. 

Ahopol-MA