Emmerson Mnangagwa, Nana Akufo-Addo, Faure Gnassingbé...: Pourquoi ces personnalités défilent en Côte d'Ivoire

  • 07/04/2018
  • Source : Linter
Emmerson Mnangagwa, Nana Akufo-Addo, Faure Gnassingbé, George Weah… La liste des chefs d’État africains ayant séjourné à Abidjan, ces deux dernières semaines, est respectable. Les raisons de leurs déplacements respectifs le sont tout autant.

Les présidents zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa, et ghanéen, Nana Akufo-Addo, étaient présents, sur les bords de la lagune Ebrié, dans le contexte de la 6ème édition de Africa ceo forum (Acf). Cette grande réunion a planché sur les politiques économiques à mettre en place pour coller à la nouvelle dynamique mondiale. La présence des deux chefs d’État est le fruit de plusieurs communications entre Abidjan et Harare, puis entre Abidjan et Accra. C'est surtout, apprécie une source gouvernementale, l’œuvre de « gestes diplomatiques forts ».

Cas zimbabwéen. Emmerson Mnangagwa n'est autre que le successeur du coriace Robert Mugabe à la présidence zimbabwéenne. Le 6 novembre 2017, le limogeage de Mnangagwa, alors vice-président, par Mugabe avait été le prélude d'une crise politico-militaire qui a fini par emporter le chef d'Etat nonagénaire. Sur le continent, pendant que se jouait la crise à Harare, peu de présidents osaient appeler ostensiblement Robert Mugabe à la démission. L'Ivoirien Alassane Ouattara était l'un tout premiers à exprimer pareille position : « il faut que le président Mugabe puisse quitter ses fonctions dans la dignité. C’est le message que j’ai transmis au président de l’Union africaine [le Guinéen Alpha Condé, Ndlr]. » Pour Alassane Ouattara, Robert Mugabe a été « l’objet de respect et même d’adulation de beaucoup d’Africains et de jeunes Africains » en raison de son combat contre la colonisation, mais « le monde a changé et ce qui se passe au Zimbabwe interpelle tous les hommes politiques et pas seulement les chefs d’État africains ».

Dans la tête d'Emmerson Mnangagwa, ces paroles résonnent encore. Et ce n'est pas un hasard si ce haut responsable de l'Union nationale africaine du Zimbabwe- Front patriotique (Zanu-Pf) s'est rendu à Abidjan. « Il y avait une part de reconnaissance », croit savoir notre source gouvernementale. Le positionnement d'Alassane Ouattara, en novembre 2017, a joué, d'une certaine façon, dans le jeu de pression sur Robert Mugabe, plus tard, dans le dénouement de la crise...