Des dozos se révoltent contre Koné Zackaria

  • 26/03/2014
  • Source : Aujourd'hui
Le régime d’Alassane Ouattara a quelques soucis à se faire. Ses meilleurs alliés que représente la confrérie des chasseurs dozos n’est plus aussi unie qu’il y a quelque temps. Hier, leur chef Koné Zackaria est allé s’en prendre à certains sur le terrain, créant une ambiance délétère à Abobo.

La commune d’Abobo a connu hier une grande frayeur aux environs de treize heures lorsque le commandant de la police militaire Koné Zackaria, lui-même dozo, est allé s’en prendre à une autre organisation de dozos basée dans cette commune.

A la tête d’un impressionnant détachement d’hommes en armes, il a investi avec une brutalité inouïe le siège de la fédération nationale des confréries de dozos de Côte d’Ivoire, en abrégé Fenadoci dont le siège a été mis à sac. Au terme de cette descente musclée, le commandant de la police militaire a fermé les locaux de cette seconde association de dozos.
 
D’ailleurs selon des témoins, il a vidé le siège de son matériel de bureau, à savoir un ordinateur, divers matériels de télécommunication et d’autres mobiliers. Le chef des dozos d’Abobo, Sory Dosso, n’étant pas présent au moment de la descente muscle, c’est frère Charles Damoé, son directeur des projets qui a été arrêté et conduit manu militari à la base de la police militaire sise à Adjamé. Après leur départ, les autres dozos se sont regroupés, la fureur dans les regards.

D’ailleurs, au moment où nous mettions sous presse, ils attendaient que les autorités militaires ou administratives prennent leurs responsabilités en rappelant le commandant de la police à l’ordre mais surtout en faisant libérer le dozo emprisonné par Koné Zackaria.

Selon des sources proches de cette organisation, c’est la ènième fois que le commandant de la police militaire s’en prend aux membres des dozos d’Abobo. Au demeurant, la Fenadoci estime avoir subi d’énormes préjudices depuis la fin de la crise postélectorale à cause du même individu qui a tout mis en œuvre pour dissoudre leur association, outrepassant en cela ses prérogatives. La rivalité entre les deux factions de dozos dure depuis deux années.
 
 Débordé régulièrement par leurs confrontations sur le terrain, le ministre de l’intérieur avait promis de dissoudre toutes les organisations de dozos mais entre la parole et l’action, il y a un fossé qu’Hamed Bakayoko n’a toujours pas franchi pour des raisons de survie du système sécuritaire de la ouattarandie. Quelque 120.000 de dozos exercent des activités de sécurité en Côte d’Ivoire, ce qui leur permet de se faire payer sur le terrain.

Les transporteurs et les commerçants sont généralement leurs victimes expiatoires puisqu’ils font partie des personnes qui se sont le plus racketées. Cela dit, l’activité de dozo en Côte d’Ivoire est un énorme business. Rien qu’avec les cartes de membre qui coûtent entre six mille francs et douze mille francs, les associations gagnent au bas mot 1,444 milliard.

Cette somme est gérée par chaque organisation selon son quota de membres et suscite diverses convoitises dont celles de la hiérarchie militaire. Mais si les membres payent pour se faire reconnaître membres à part entière des confréries, il leur appartient de s’alimenter sur le terrain.

D’où les cas de racket et de menaces ouvertes que subissent les citoyens. D’ailleurs profitant de la peur des premières années, chacune des associations de dozos a créé de multiples sociétés de gardiennage et de sécurité. Signe que cette guerre rappelle celle qui oppose les criminels de la mafia dans les séries américaines.
 
La question des dozos a été ouvertement évoquée par la division des droits de l’homme de l’Onuci laquelle avait, lors d’une conférence de présentation d’un rapport sommaire sur leurs activités en Côté d’Ivoire, demandé qu’une enquête complète du gouvernement soit diligentée. Afin d’identifier leur nombre, les crimes dont ils sont accusés et de les renvoyer à leurs activités de chasse traditionnelle.

Mais près d’une année plus tard, celui-ci n’a toujours pas fait le moindre commentaire sur cette question. Pour qui sait avec quel dévouement l’Onuci a dénoncé les moindres travers des forces régulières il y a quelques années, on comprend moins le silence qui accompagne la menace que font planer les nombreuses forces parallèles sur les Ivoiriens, elles qui sévissent depuis l’arrivée d’Alassane Ouattara au pouvoir en Côte d’Ivoire. t poursuivi dans les deux camps
 
Par Sévérine Blé