Aïchatou Mindaoudou (Onuci): «Le rôle des Nations unies, c'est de nous éviter l'enfer»

  • 02/07/2017
  • Source : RFI
En Côte d’Ivoire, la mission de la paix des Nations-Unies, l’Onuci ferme ses portes ce vendredi. Il ne restait qu’une quinzaine de fonctionnaires chargés de fermer la mission, les casques bleus ont déjà quitté le sol ivoirien depuis février. La cheffe de mission, Aïchatou Mindaoudou, représentante spéciale des Nations unies, dresse le bilan de plus de dix ans de présence onusienne en Côte d’Ivoire au micro de Coralie Pierret.

RFI: L’Onuci ferme ses portes après 14 ans de présence en Côte d’Ivoire. La paix durable est-elle installée aujourd’hui ?

Aïchatou Mindaoudou : La paix est installée. La durabilité, il faut continuer à la travailler. Mais aujourd’hui, la paix est revenue en Côte d’Ivoire.

Pourtant, plusieurs mutineries de soldats et d’anciens soldats ont éclaté depuis le début de l’année 2017. Est-ce que l’armée ivoirienne est complètement disciplinée ?

Au-delà de la discipline, les différents mouvements de militaires –d’ailleurs le premier a été enregistré en novembre 2014-, sont condamnables. C’est évident. Mais ce que vous savez, ils n’ont jamais remis en question les institutions nationales. Ce sont des revendications pécuniaires.
 

«Environ 67 000 ex-combattants ont été démobilisés, réintégrés et réinsérés»
 

En mai 2017, une partie des manifestants étaient des ex-combattants qu’on a appelés « les démobilisés ». Ces soulèvements ne sont-ils pas symptomatiques d’une forme d’échec du processus de DDR (désarmement-démobilisation et réintégration) d’anciens soldats ?

Je pense que vous allez trop vite en besogne. Il y a eu le DDR. D’ailleurs, le DDR de Côte d’Ivoire est le DDR le mieux réussi de toute l’histoire du DDR. Mais ces processus de DDR, comment tous les processus de sortie de crise, ne peuvent pas être le garant ou la caution du comportement individuel ou collectif des personnes. Il n’en demeure pas moins qu’une attention particulière doit être encore accordée au renforcement de la réintégration des ex-combattants.

Parce qu’une partie de ces ex-combattants, de ces démobilisés, affirme ne jamais avoir été intégrés à ce programme de DDR ?

Nous avons suivi cela. C’est un processus scientifique qui a été mis en place, défini et approuvé, sur la base duquel les 67 000 environ ex-combattants ont été démobilisés, réintégrés et réinsérés. Mais tout le reste, je ne peux pas aujourd’hui vous dire que ce sont des ex-combattants ou que ce ne sont pas des ex-combattants. Toujours est-il que je note la volonté des autorités d’engager un dialogue avec eux...