Affaire Mamadi Diané : la révélation du « complot » de la CEI contre Gbagbo en 2010?

  • 31/08/2016
  • Source : linfodrome.com
Mamadi Diané, conseiller spécial du président Alassane Ouattara, a été démis de ses fonctions par le chef de l’État ivoirien pour son «ingérence» dans les affaires gabonaises.

Comme une trainée de poudre, l’information a fait le tour des médias, le mardi 30 août 2016. Mamadi Diané est pris en flagrant délit, selon le ministre de la Communication du Gabon, de complicité avec le candidat Jean Ping pour tripatouiller les résultats de l’élection présidentielle au Gabon, alors que le peuple gabonais est en attente des résultats provisoires du vote, ce même mardi.

En effet, les autorités gabonaises affirment que le milliardaire Mamadi Diané travaille en collaboration avec Jean Ping pour saper le processus électoral. Elles expliquent que le désormais ex-conseiller de Ouattara a d’abord introduit des hackers au Gabon pour diffuser de faux procès-verbaux de l’élection et pirater des données gouvernementales. Le ministre de la Communication a soutenu son propos en révélant une conversation téléphonique entre Diané et Ping, le lundi 29 août (veille de la proclamation des résultats, ndlr), dans laquelle le collaborateur de Ouattara conseillait au candidat gabonais de provoquer la démission de quelques membres de la Commission électorale pour pouvoir maîtriser la situation.

« Non, non, il y a une chose, plus importante. Il faut que tu réussisses à avoir deux ou trois personnes de la Commission électorale qui disent qu’il y a trop de tripatouillages et qui démissionnent (…) Tu comprends, ça va mettre la pagaille totale. Si on peut faire ça ce soir », a proposé Diané.

« Semer la pagaille », comme en Côte d’Ivoire ? Le rapprochement peut se faire d’autant plus que depuis le dimanche 28 août 2016, lendemain du vote, où Ali Bongo Odimba et Jean Ping ont commencé à se déclarer l’un et l’autre vainqueur de la présidentielle, rien que sur la base de leurs sondages, et non des résultats de la Commission électorale nationale autonome et permanente, les observateurs y ont vu un scénario à l’ivoirienne, après la présidentielle de 2010.

Une dispute de la victoire de l’élection entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, était née, d’abord de la proclamation des résultats provisoires par Youssouf Bakayoko, président la CEI, hors délai et hors du siège de l’institution, en l’absence de certains commissaires. Ces résultats provisoires proclamés par Youssouf Bakayoko seront pris pour officiels et feront d’Alassane Ouattara le vainqueur de l’élection et le président de la République. En dépit des résultats proclamés par le Conseil constitutionnel, l’institution suprême de la nation, habilitée à donner les résultats définitifs des élections.

Car la proclamation des résultats par le président de cette institution, Yao N’dré, qui fait de Laurent Gbagbo le vainqueur, va plonger le pays dans une situation sans précédent : deux chefs de l’État, deux gouvernement, un pays divisé, en guerre, en feu et à sang. Le bilan est lourd. Des milliers de morts en quelques jours d’affrontement armé à l’intérieur du pays et à Abidjan.

Six ans après ce drame non encore élucidé, car le président Gbagbo, bien que dans les liens de la CPI, ne cesse de réclamer la vérité sur « qui a gagné les élections » de 2010, les conseils de Mamadi Diané, conseiller spécial d’Alassane Ouattara, ont de quoi soulever des questions sur ce qui s’est passé réellement avec la CEI de Youssouf Bakayoko.

Et si le conseiller spécial de Ouattara ne voulait qu’appliquer au Gabon une méthode qui a déjà fait ses preuves en Côte d’Ivoire ? Faire subir au président sortant Ali Bongo le même sort qu’a connu le président sortant Laurent Gbagbo ? Car en 2010, Diané était là au même poste à côté de Ouattara, a effectué les missions avec les ministres de Ouattara dans le règlement de la crise, en faveur de son patron. Et le rôle joué par la CEI reste encore gravé dans la mémoire de biens d’Ivoiriens comme un des facteurs majeurs de la grave crise, avec Youssouf Bakayoko comme un des principaux responsables, autant que Paul Yao N’dré. Et « la pagaille totale », l’on a vu.

Mais contre vents et marées, malgré que la Constitution ne lui permet pas de conduire les rênes de la CEI, malgré sa responsabilité pointée du doigt par une partie de la classe politique et de la population ivoirienne dans la crise née de l’élection présidentielle de 2010, (...) Lire La suite sur Linfodrome