Accidents de circulation, indemnisation … Le calvaire des victimes

  • 06/02/2014
  • Source : Nord-Sud
L’indemnisation des victimes par les maisons d’assurance est un véritable parcours de combattant. Plusieurs personnes se heurtent à une lourde procédure. Enquête.

Ahmed Sidibé n’aurait pas dû rouler, ce 04 janvier 2009. Sur le tronçon Agnibilékro-Abidjan, le commerçant a été victime d’un terrible accident, alors qu’il se trouvait à bord d’un camion. Par la grâce de Dieu, il s’en est sorti avec de multiples blessures.

Etant assuré, Ahmed Sidibé a engagé aussitôt une procédure, auprès de sa maison d’assurance dénommée Générale nouvelle d’assurance. Mais depuis lors, les choses traînent. Ses blessures finissent par se cicatriser complètement, mais toujours pas d’indemnisation. Selon Ahmed Sidibé, sa maison d’assurance a proposé dix millions de FCfa.

«Quand j’ai décidé de prendre un avocat, l’entreprise a souhaité d’emblée un règlement à l’amiable d’un montant de dix millions de francs. Mais les termes prévus ne me plaisaient pas, car mes dépenses étaient énormes. Je préfère aller au procès», révèle-t-il. Ahmed n’est pas le seul dans ce cas. Amara Kamagaté, chauffeur de wôrô-wôrô, véhicule de transport en commun, dans la commune de Cocody, s’est également heurté à la complexité des procédures.

Ce chauffeur explique avoir été victime d’un deal dans une affaire contre l’entreprise d’assurance Safa. «Quand ma voiture a été cognée par une voiture personnelle, après le constat, j’ai payé plus de cent mille francs. Et un expert commis par la même entreprise m’a dit ceci: tu manges, je mange. C’est comme ça, si tu veux être indemnisé.

Dès que j’ai accepté ce qu’il m’a dit, les choses sont allées vite», témoigne le chauffeur. Yolande Bettié vit la même situation. Cette dame résidant à Yopougon-Gesco explique son calvaire. Victime d’un accident dans un minicar, sur l’axe Adjamé-Yopougon, en 2009, elle a entamé des procédures d’indemnisation contre Serenity, une maison d’assurance de la place. Mais les procédures restent, à ce jour, infructueuses.

Elle dit avoir déposé ses dossiers. La maison d’assurance lui a promis d’envoyer des agents pour enquêter sur le terrain. Personne n’est jamais venu, s’indigne-t-elle. Depuis, elle désespère. Beaucoup de victimes sont dans ce cas. Et dénoncent la lenteur des procédures d’indemnisation.
 
Qu’est-ce qui bloque? La Solidarité africaine d’assurance (Safa), citée dans notre enquête, a bien voulu donner les raisons des lenteurs. Joint par téléphone, Gbeli Tété, responsable des sinistres au sein de la structure, reconnaît une lenteur observée dans la procédure. Les raisons ? Les victimes et l’assureur ne s’entendent pas parfois sur le montant, indique-t-il.

Au lieu d’un règlement à l’amiable, ils préfèrent aller au procès. «Les avocats font espérer à leurs clients un gros montant. Or le barème est fixé par le code Conférence inter-marché des assurances (Cima)», précise-t-il.

Que faut-il faire ? «Pour le dommage corporel, la déclaration doit être faite par le chauffeur ou le propriétaire de la voiture avec un procès-verbal généralement appelé constat, un certificat de naissance, une photocopie de carte nationalité d’identité, les documents de contre-expertise de l’assurance. Si ces documents fiables sont déposés, l’indemnisation n’excède pas un an», énumère-t-il.

Le cas d’Amara Kamagaté, dit-il, doit être lié à un dossier incomplet. Joint par téléphone, madame Bakayoko, responsable du département sinistre de «Générale nou­velle d’assurance» également cité, préfère indiquer qu’une bonne procédure est le préalable à tout processus d’indemnisation. «Si la procédure est bien menée, il n’y a pas de raison que l’indemnisation ne soit pas faite», soutient-elle. Et d’inviter à éviter les intermédiaires. «La victime doit directement s’adresser à notre compagnie», con­seille-t-elle.
 
DL (stagiaire)