A 7 mois de la présidentielle de 2020/ Blé Goudé : «J'ai peur»

  • 23/03/2020
  • Source : L'Inter
Depuis La Haye où il est en liberté conditionnelle, Charles Blé Goudé est très actif. Dans une interview donnée à Africa 24, le 19 mars 2020, le dernier ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo, qui a été acquitté de ''crimes contre l'humanité'' par la Cour pénale internationale en début d’année 2019 s' est exprimé sur la présidentielle du 31 octobre prochain.

Président du Congrès panafricain pour la justice et l'égalité des peuples (Cojep), il affirme haut et fort qu'il n'est pas candidat à la présidentielle de 2020. «En tant que président du Cojep, je ne suis pas candidat en 2020. (…) Le Cojep regorge de cadres compétents. Le parti ira à sa convention en juin prochain et une décision sera prise par le parti qui sera appliquée par tout le monde y compris moi-même», a clarifié le premier responsable du Cojep.

A 7 mois du scrutin présidentiel, l'ancien président des jeunes patriotes dit être effrayé par tout ce qu'il entend et voit en Côte d'Ivoire. «J'ai peur », a-t-il mis en garde. «Depuis que je suis sorti de prison, je ne fait que lancer cet appel. J'ai peur. J'ai peur que nous tendions vers un passage en force du parti au pouvoir qui a caporalisé toutes les institutions de la République : le Conseil constitutionnel, la Cei, la justice. Tout se fait selon le bon vouloir du régime en place et du chef de l’État», a-t-il fait remarquer. Charles Blé Goudé a dénoncé à maintes reprises la Commission électorale indépendante (Cei). Pour lui, cette structure en charge des élections en Côte d'Ivoire n'est vraiment pas «indépendante». Le président Ouattara a signé récemment une ordonnance apportant des modifications à la loi sur la Commission électorale indépendante (Cei), l’objectif étant d’accorder un siège supplémentaire au parti de l’opposition «dont la représentation au Parlement est la plus significative».Tenant compte de la configuration actuelle de l’Assemblée nationale, ce siège devrait revenir au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), dirigé par Henri Konan Bédié. Dans son interview, Blé Goudé n'a pas apprécié le fait que le chef de l’État «accorde» un siège à une formation politique là où on parle d'une institution nationale qui doit être, selon lui, indépendante donc à équidistance des formations politiques pour redonner aux Ivoiriens leur choix dans les urnes. «Ce n'est pas juste. On n'accorde pas un siège. Je dis au gouvernement de faire en sorte que la Cei soit réellement indépendante et non une sous section du régime en place», a-t-il insisté avant de s'interroger: «Si on accorde un siège au Pdci-Rda et nous, jeune parti qui vient de naître, à quel saint seront nous voués ?»

Autre inquiétude, l'invité de Africa 24 a incriminé la justice qu'il a jugée partiale. Au-delà de son cas avec sa condamnation par contumace à 20 ans de prison, le président du Cojep a pris l'exemple précis de la marche «délocalisée» du clergé ivoirien. «Il y a un mois, les catholiques de Côte d'Ivoire ont voulu initier une marche pour appeler à la paix en Côte d'Ivoire. Des individus, qui ne se sont pas du tout gêné, ont déclaré sur les réseaux sociaux et dans toute la presse, que si jamais les chrétiens de Côte d'Ivoire sortaient, ils les tueraient. Ils l'ont fait à visage découvert dans des vidéos qui circulent. Là où le procureur de la République est prompt à aller faire arrêter des gens dit-il pour '' diffusion de fausses informations'', il a tous ceux-là à sa disposition. Mais personne d'entre eux n'a été inquiété», a relaté Blé Goudé. «Cette justice n'est pas la justice du régime. La justice doit rassurer tout le monde. Mais, elle est en mission pour une partie de la population», a-t-il poursuivi.

Malgré tout, Blé Goudé garde espoir pour l'avenir qu'il qualifie de «radieux» «Je vais retourner dans mon pays et je serai parmi les dirigeants de mon pays. C'est un fait établi», a-t-il dit.

Par ailleurs, dans une requête n° ICC-02/11-01/15 A en date du 20 mars 2020, la chambre d'appel a ordonné à la procureure Fatou Bensouda de déposer sa réponse le 14 avril prochain et annonce une audience publique le 11 mai prochain «La chambre d’appel de la Cour pénale internationale (Cpi) après avoir reçu les réponses de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, et saisie de l’avis de la procureure de déposer sa réponse plus tard en raison du Coronavirus, a pris les décisions suivantes : Elle siégera en audience publique du lundi 11 mai 2020 au mercredi 13 mai 2020, pour entendre les observations des parties et des participants sur l'appel susmentionné. Ordonne à Fatou Bensouda de répondre aux observations des accusés au plus tard à 16 heures le mardi 14 avril 2020», dit la requête.

Cyrille DJEDJED