Univers des coupeurs d'ongles ambulants: Un métier qui nourrit son homme

  • 24/12/2014
  • Source : Soir Info
Une dizaine de paires de ciseaux, du liquide moussant, une serviette de fortune. Voici réuni les instruments de travail des coupeurs d’ongles ambulants. Ceux-ci qui pour la plupart sont d’origine étrangère se trouvent presque partout à Abidjan .

Même si des personnes préfèrent se nettoyer ongles dans les salons de beauté ou encore à la maison, les coupeurs d’ongles disent ne pas se plaindre, car ils arrivent à avoir 2.000 à 3.000 fcfa comme recette journalière. On les retrouve aux abords des marchés, des gares, des mosquées, dans les quartiers populeux, précisément à Abobo et à Adjamé. C'est d’ailleurs dans ces lieux que nous avons rencontré un adepte de ce métier, il y a quelques jours.

Soumahila compte et recompte les quelques pièces de monnaie qu’il vient de gagner en limant et coupant les ongles de ses clients dans les rues d'Abidjan. Sa chemise, trempée de sueur, lui colle à la peau: une fois de plus, sa journée a été fructueuse. 

Comme de nombreux jeunes ivoiriens à la recherche de moyens de subsistance, dans un pays où plusieurs des jeunes actifs sont au chômage, Soumahila passe ses journées à arpenter les principales artères de la capitale pour proposer ses services à des commerçants, des ménagères et des étudiants à la recherche d’une manucure rapide et moins coûteuse.

Nettoyer les orteils et les doigts, il en a fait sa spécialité. « Voici mes ciseaux. Depuis que je suis venu à Abidjan, c'est mon seul travail. C'est celui qui ne connaît pas son travail qui blesse. Mais celui qui connaît le travail ne peut jamais blesser. C'est un métier comme tout autre, donc on le prend au sérieux », dit-il. Dans son petit sac porté en bandoulière, ce jeune homme d’une vingtaine d’années porte, une lime, des lames de rasoir, un coupe-ongle et bien d’autres objets tranchants. Selon lui, ce boulot lui permet de subvenir à quelques dépenses de sa famille. « Mon travail me rapporte entre 2.500 et 3.000 f. Cfa par jour.
Ce qui me permet de payer mon ''entrée-coucher'' qui me coûte 15.000 f. Cfa par mois. Je vis avec mes deux petits frères, donc cela couvre une partie de nos besoins
 », fait-il savoir, avant de poursuivre. « Parfois, ça dépend, je me retrouve en fin de journée, jusqu'à 2.500- 3.000 f. Cfa ». Par ailleurs, la clientèle, qui préfère ce moyen très artisanal, choisit ce procédé car il lui revient moins cher. « Ça coûte seulement que 50 f Cfa. En tout cas c'est moins cher et il fait bien. Moi, c'est avec eux seulement que je coupe mes ongles », relève Mia Tania.

 Les risques minimisés par les clients

Mais ce métier n’est pas sans risques, face à l’épidémie de VIH. «Le risque de contamination par le sang , mais pour les coupeurs d’ongles le danger est permanent étant donné qu’ils utilisent des objets tranchants», explique le docteur Kouassi Calixte, médecin diplômé d'État, à l' hôpital général de Koumassi.

Selon lui, les risques encourus sont énormes car on ne sait pas si le matériel utilisé est stérilisé, avec quoi ils nettoient leurs instruments. « C'est une pratique qui n'a pas d'avantages car on peut contracter des maladies graves telles que la Syphilis, le VIH, l'Hépatite.Il n’y a pas eu d’études pour évaluer le phénomène », a-t-il regretté -t-il.

« Mais une chose est sûre: porter à un autre client le matériel déjà utilisé chez un premier dont on ignore le statut sérologique, c’est un risque énorme. On dit ça donne maladie. Moi même, mon papa n'aime pas qu'on le fasse, mais on le fait quand même. J'ai conscience des risques, mais on fait avec. Dans les salons, la pédicure ou la manucure, on nous prend 1000 f. Cfa, pour le nettoyage des orteils et des doigts, allant même jusqu'à 2000 F Cfa. C'est assez cher pour nous autres. Donc seul Dieu nous protège », indique Coulibaly Mariam, une des clientes à Adjamé.

« Moi j'ai été blessé une fois, j'ai versé du javel sur la plaie et je leur ai demandé de partir », nous apprend Karim, un autre client. En effet, ces jeunes coupeurs d'ongles ne changent les lames de rasoir qu’une fois par jour, après les avoir utilisées pour tous les clients. A l’exception de ceux qui apportent leur propre matériel de manucure, et payent la moitié des 50-100 francs Cfa que coûte la prestation. Pourtant, Ibrahima Kouyaté, constate que chez certains de ses clients qui ont les ongles durs, les saignements sont courants. Même dans ce cas-là, dit-il, «il n’est pas question de changer aussitôt du matériel parce qu’en le (...) Lire La suite sur Linfodrome