Verizon obtient un rabais de 350 millions de dollars pour racheter Yahoo

  • 24/02/2017
  • Source : Le Monde
Verizon va bien racheter les activités Web de Yahoo. Mais le premier opérateur mobile américain a obtenu un rabais de 350 millions de dollars (332 millions d’euros), suite aux récentes révélations sur les deux importants vols de données dont a été victime le portail Internet californien. Le prix de vente s’élèvera ainsi à 4,48 milliards de dollars, au lieu de 4,83 milliards. Cet accord, officialisé mardi 21 février, « ouvre la voie à la finalisation de la transaction au deuxième trimestre », explique Verizon.

PIRATAGES MASSIFS

Annoncée en juillet 2016, l’opération porte sur les services Web de Yahoo (courriers électroniques, portail d’actualités…), son moteur de recherche et sa régie publicitaire. La société de Sunnyvale va ainsi devenir une coquille vide, rebaptisée Altaba et principalement composée des participations dans Alibaba, le géant chinois du commerce en ligne, et dans Yahoo Japan, la filiale japonaise. La nouvelle entité sera cotée en Bourse mais se contentera de redistribuer à ses actionnaires les dividendes qu’elle percevra.

Deux mois après l’officialisation de sa vente, Yahoo avait révélé avoir été victime, fin 2014, d’un piratage massif. De nombreuses informations personnelles (nom, date de naissance, numéro de téléphone…) de plus de 500 millions d’utilisateurs avaient été compromises. En décembre, une deuxième attaque, menée en août 2013, avait été détectée. Cette fois-ci, au moins un milliard de comptes étaient concernés. Le portail assure qu’il n’avait pas connaissance de ces deux attaques lorsqu’il a accepté l’offre de Verizon.

RABAIS « MODESTE »

Ces dernières semaines, les deux entreprises avaient entamé de nouvelles négociations. Le rabais obtenu est jugé « modeste » par Kunal Madhukar, analyste chez SunTrust Robinson. Il doit refléter les effets négatifs des cyberattaques sur l’image de marque de Yahoo. Le portail Internet risque en effet de perdre des utilisateurs, délaissant notamment Yahoo Mail au profit de ses concurrents. Or, le service de courriers électroniques constitue son principal atout, en rendant captifs une grande partie de ses utilisateurs.

Par ailleurs, le groupe télécoms a également négocié deux clauses pour limiter ses risques. D’abord, la société Altaba devra payer seule les coûts et éventuelles amendes liés à l’enquête ouverte par le gendarme boursier américain et aux poursuites lancées par des actionnaires de Yahoo. Ensuite, Verizon ne prendra en charge que la moitié des coûts relatifs aux autres procédures judiciaires – par exemple, la class action (action en nom collectif) initiée par des utilisateurs, qui estiment avoir été prévenus trop tard.

PUBLICITÉ EN LIGNE

Si l’opérateur a longtemps laissé planer le doute sur ses intentions, peu d’observateurs pensaient qu’il allait renoncer à mettre la main sur Yahoo. Cette acquisition s’inscrit en effet dans la cadre de son offensive sur le marché de la publicité en ligne. Celui-ci doit constituer un nouveau relais de croissance alors que Verizon a accusé un repli de 4% de son chiffre d’affaires l’an passé. En 2015, le groupe avait ainsi dépensé 4,4 milliards de dollars pour racheter AOL. Il tente aussi d’imposer une plate-forme de vidéos.

En fusionnant les activités Internet de Yahoo avec AOL, “Verizon va devenir le numéro trois de la publicité en ligne derrière Google et Facebook, et l’un des plus importants acteurs tous supports confondus”, souligne Brian Wieser, analyste chez Pivotal Research. Ses recettes publicitaires devraient se chiffrer entre 4 et 5 milliards de dollars par an, essentiellement aux Etats-Unis. La société espère ainsi atteindre la taille critique lui doit lui permettre de mieux rivaliser, en particulier dans la vidéo.