Somalie: au moins cinq morts dans une explosion à Mogadiscio

  • 22/03/2017
  • Source : AFP
Au moins cinq personnes ont été tuées mardi après-midi par l'explosion d'un minibus dans le centre de Mogadiscio, cruel rappel des défis sécuritaires qui attendent le nouveau gouvernement de ce pays également plongé dans une crise humanitaire majeure.

L'explosion du minibus à un barrage des forces de sécurité n'avait pas été revendiquée mardi en fin de journée mais plusieurs responsables policiers interrogés par l'AFP affirmaient qu'il s'agissait bien d'un nouvel attentat à la voiture piégée des insurgés islamistes shebab, affiliés à Al-Qaïda.

Cette puissante explosion, à environ 500 mètres du palais présidentiel et à proximité immédiate du Théâtre national, s'est produite quelques heures à peine après l'annonce de la composition du gouvernement du nouveau Premier ministre somalien Hassan Ali Khaire. Présentant son équipe de 26 ministres, celui-ci a assuré que le pays était "engagé dans la voie du changement".

"Le véhicule était arrêté à un barrage pour un contrôle de sécurité lorsqu'il a explosé. Au moins cinq personnes ont été tuées, dont des membres des forces de sécurité, et dix blessées", a déclaré à la presse un porte-parole de la capitale, Abdifatah Omar Halane.

"L'explosion était énorme. J'ai vu de la fumée et de la poussière dans tout le quartier alors que je me trouvais sur le toit de ma maison", a décrit un habitant du centre de Mogadiscio, Abdukadir Yusuf.

Les shebab ont juré la perte du gouvernement central, soutenu à bout de bras par la communauté internationale et par les 22.000 hommes de la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom).

Confrontés à la puissance de feu de l'Amisom déployée en 2007, les shebab ont été chassés de Mogadiscio en août 2011. Ils ont ensuite perdu l'essentiel de leurs bastions, mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d'où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides.

Priez pour nous

L'explosion de mardi, qui fait suite à une longue série d'attentats à la bombe et d'attaques meurtrières revendiqués par les shebab, vient à nouveau souligner la fragilité de gouvernement central qui peine à sécuriser la capitale et à imposer son autorité au delà.

Quelques heures avant la détonation, le Premier ministre, nommé fin février par le président nouvellement élu Mohamed Abdullahi Mohamed, a dévoilé son gouvernement après un mois d'intenses tractations.

La nouvelle équipe est composée de 26 ministres dont six femmes, ce qui en fait le gouvernement le plus féminisé depuis la chute du régime autoritaire du président Siad Barre en 1991. Le Premier ministre leur a notamment confié les portefeuilles de la Santé, des Transports et Ports, du Commerce, des Droits de l'homme ou encore de la Jeunesse et des Sports.

Le nouveau ministre des Affaires étrangères, Yusuf Garad, est un ancien journaliste du service somali de la BBC et le ministre de la Défense - qui aura la lourde tâche de mettre sur pied une véritable armée nationale capable de lutter efficacement contre les shebab - s'appelle Abdurashid Abdullahi, un ancien gouverneur de la région de Bay.

"Je les ai choisis pour leur capacité, leur intégrité", a déclaré le Premier ministre, avant d'ajouter: "Que vos prières nous accompagnent".

Le nouveau gouvernement doit à présent être approuvé par le Parlement dans les jours à venir.

Outre les incessantes attaques shebab, la Somalie est frappée de plein fouet par une sécheresse aiguë qui sévit aussi sur le reste de l'Afrique de l'Est.

Cette sécheresse, déclarée catastrophe nationale en février, a plongé le pays dans une crise humanitaire majeure.

Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), plus de 6,2 millions de Somaliens - soit la moitié de la population - ont besoin d'une aide humanitaire d'urgence, dont près de trois millions souffrent de la faim.

En 2011, la famine avait fait 250.000 morts dans ce pays de la Corne de l'Afrique.