Procès à la Cpi : Des suspicions sur les avocats de Gbagbo et Blé Goudé, leurs méthodes démontées

  • 08/05/2018
  • Source : Linfodrome
La méthode des avocats de Laurent Gbagbo et de son homme de main, Charles Blé Goudé, a été dénoncée et décriée par des journalistes invités sur le plateau de la télévision TV5 Monde, au cours d'un débat, le samedi 4 mai 2018.

Le Franco-sénégalais Assane Diop, journaliste à Radio France internationale (Rfi), Vincent Hugeux, journaliste à l’Express, spécialiste de l'Afrique et auteur de « Kadhafi », Denise Epoté de TV5 Monde, et Fanny Pigeaud, journaliste, ont ainsi démonté et criblé de critiques Me Emmanuel Altit et son équipe. Ils font preuve, selon les invités, «  d'amateurisme » dans la défense de l'ancien chef de l’État ivoirien. Assane Diop, particulièrement en verve, a relevé ce qui, à ses yeux, apparaît comme une carence des avocats, dans la conduite de leur plaidoirie.

Dans ce débat à charge contre la Cpi, la procureure Bensouda et les avocats de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, les invités de TV5 Monde ont étalé les insuffisances de l'équipe de Me Emmanuel Altit, et mis en lumière ce que cache leur jeu dans ce procès hautement politique et à gros sous. Assane Diop, qui a ouvert le feu en premier, pointe une « responsabilité » des avocats de Laurent Gbagbo dans les 12 premiers et le 13ème rejet de la liberté provisoire de Laurent Gbagbo, estimant qu'ils ont loupé le coche en axant leur argumentaire sur « l'état de santé et l'âge » du fondateur du Front populaire ivoirien (Fpi). Pour lui, il aurait été utile et avantageux pour Laurent Gbagbo, dans cette 13ème demande, soit « de s'attaquer au fond du dossier », soit de s'en prendre à Luis Moreno Ocampo, l'ancien procureur de la Cour pénale internationale (Cpi) « qui avait inculpé Laurent Gbagbo et instrumentalisé le dossier ».

« Le cas Gbagbo est devenu aujourd'hui une sorte de routine. Cette fausse routine résulte de la responsabilité de la défense… La défense de Laurent Gbagbo a sa part de responsabilité. Comment voulez-vous, uniquement, demander la libération de votre client, et avancer comme argument, son état de santé et son âge, au lieu de s'attaquer au fond du dossier et des distorsions au niveau du dossier ou même invoquer le procureur qui l'avait inculpé qui s'appelle Luis Moreno Ocampo ? », s'est plaint Assane Diop. Qui poursuit : « on a découvert, au fil des enquêtes, que ce monsieur n'était pas si blanc que ça. Il a instrumentalisé, au moment où il y était, la Cpi, et après son départ de la Cpi. Voilà, un motif qui méritait également une demande de remise en liberté. Mais, jamais la défense n'a utilisé ces informations qui ont fait la Une des médias… Mais, on invoque l'état de santé de Monsieur Gbagbo. Évidemment, les magistrats ont fait appel à une commission médicale qui a statué. On n'a pas de raison de douter de cette commission ».

Une affaire politique et de gros sous. Et puis, une fois que ce rejet a été annoncé, l'un des avocats conseil, qui s’appelle Habiba Touré, a dit « qu'elle est en colère », car « c'est de l’acharnement judiciaire ». « Mais attendez, c'est une réaction bateau. Ce n'est pas une réaction qui est à la hauteur de ce dossier, et à la hauteur du destin de ce Monsieur (Laurent Gbagbo) », s'est encore enragé Assane Diop. « On est droit de se demander à quoi joue la défense de Gbagbo ?», s'est-il littéralement emporté sur un ton accusateur...