Neuf policiers sur dix ne sont pas armés au Royaume-Uni: pourquoi?

  • 24/03/2017
  • Source : Le Figaro, Belga
Le niveau d'alerte est évalué à 4 sur une échelle de 5 au Royaume-Uni. Pourtant, 92% des membres des forces de l'ordre ne sont pas armés. Le policier tué mercredi ne l'était pas non plus mais les Britanniques et leurs dirigeants ne souhaitent pas changer leur modèle de société pour autant...

La majorité de la population, des politiques et des policiers tient à ce modèle, sans doute dû à la particularité géographique de l'île, relativement épargnée par le trafic d'armes, relate Le Figaro. La législation en la matière y est également beaucoup plus sévère qu'en Belgique ou même en France: la détention illégale d'une arme à feu y est en effet "sanctionnée de cinq ans de prison minimum", précise le quotidien français. D'ailleurs, l'assaillant Khalid Masood n'a eu recours qu'à des "armes" légales pour commettre ses crimes: une voiture et des couteaux. 

Sécurité et prévention
Londres a toutefois renforcé ses mesures de sécurité, augmenté ses effectifs armés de 600 policiers supplémentaires après les attentats de Paris et multiplié les patrouilles de surveillance dans la métropole. La prévention joue un rôle déterminant outre-Manche et elle s'appuie notamment sur les informations fournies par les communautés locales. La justice adopte également une sévérité proche de la tolérance zéro afin de réduire les risques de passage à l'acte. En outre, les services britanniques s'avèrent aussi performants dans la surveillance des djihadistes en Syrie et en Irak et les répèrent facilement lors du retour au pays.

Bataclan
"Les policiers français sont armés mais cela n'a pas empêché le massacre du Bataclan", observait intelligemment Bernard Hogan-Howe, ancien chef de Scotland Yard, aujourd'hui à la retraite. En outre, les armes ordinaires se révèlent assez peu efficaces pour contrer des attaques comme celle de ce mercredi, particulièrement difficile à prévoir et à arrêter. Le lendemain de l'assaut, d'aucuns dénonçaient malgré tout la facilité avec laquelle Khalid Masood avait pu pénétrer dans le palais de Westminster. Ce jeudi, des blocs de béton étaient disposés aux abords du Parlement britannique. 

"C'est bien ainsi"
Au sommet de l'État, on ne tient pas forcément à bouleverser la "tradition" démocratique: "Les mesures de sécurité à la Chambre des Communes vont évidemment être revues pour vérifier si elles sont vraiment adaptées", a déclaré jeudi le ministre de la Défense Michael Fallon. Mais "le parlement ne peut être fermé hermétiquement, les visiteurs vont et viennent et c'est bien ainsi, nous sommes la maison de la démocratie", a-t-il néanmoins tenu à préciser. 

"Démocratie ouverte"
Jeudi, la galerie était ouverte comme elle l'est habituellement et des visiteurs se promenaient dans l'enceinte du palais de Westminster alors même que les enquêteurs de la police scientifique poursuivaient leur travail. Pour le député conservateur Andrew Bridgen, "dans une démocratie ouverte et libre comme la nôtre, il y aura toujours un équilibre à trouver entre la sécurité, l'accessibilité et la transparence de notre démocratie. Et si nous n'arrivons pas à maintenir cet équilibre, les terroristes auront gagné", a-t-il dit devant les députés.