Enquête de l'Onu sur les massacres au Kasaï en RDC: les limites de l'exercice

  • 24/06/2017
  • Source : RFI
Un groupe d' «experts internationaux» pour enquêter sur les graves violences dans le Kasaï en RDC plutôt qu'une commission d'enquête indépendante. Voilà le compromis sur lequel les 47 pays membres du Conseil des droits de l'homme de l'Onu se sont mis d'accord vendredi 23 juin. Un compromis qui laisse pas mal d'incertitudes sur le pouvoir qu’auront ces experts de l'Onu pour mener une véritable enquête dans la région des Kasaï, au centre du pays.

Première interrogation  :  à quel point ces experts vont-ils pouvoir enquêter de façon indépendante des autorités congolaises ?

Pour Kinshasa, leur mandat se limite à un appui technique aux enquêtes congolaises déjà en cours. Faux, répond le Haut-commissaire aux droits de l’homme de l’Onu qui assure que ses experts opéreront « en totale indépendance ». Mais cette exigence ne figure pas «  écrite  » dans la résolution qui s’intitule bien « assistance technique à la RDC »…

Autre question celle des ressources financières pour mener à bien cette enquête à grande échelle : 42 fosses communes, 3200 civils tués et plus d’1 million de déplacés… De quels fonds et de combien d’experts le Haut-commissaire aux droits de l’homme de l’Onu va-t-il disposer ? La résolution ne répond pas à cette question.

Enfin il y a aussi la question cruciale de l’accès aux sites où des crimes ont été commis dans les Kasaï. C’est la principale difficulté de l’Onu à ce jour. Depuis des mois ses employés font face à des entraves quasi quotidiennes qui les empêchent de mener des enquêtes approfondies dans cette région.

Hier, vendredi 23 juin, les autorités congolaises se sont engagées à accueillir ces experts sur son territoire et les laisser travailler. A condition de garder la direction des enquêtes. Or c’est tout le problème : les autorités congolaises étant elles-mêmes accusées d’usage excessif de la force, toute participation de leur part à une enquête internationale risque fort d’entamer sa crédibilité.