En Syrie, Trump déclenche une dangereuse escalade avec la Russie et l'Iran

  • 19/06/2017
  • Source : lexpress.fr
Un avion syrien abattu par un chasseur américain, un missile lancé sur la Syrie depuis le territoire iranien. Moscou qui menace de cibler les avions de la coalition internationale. Faut-il craindre cette escalade?

La Syrie peut-elle devenir un terrain d'affrontement direct entre les Etats-Unis et l'Iran, voire la Russie? Deux événements inédits survenus dimanche pourraient le laisser craindre. L'armée américaine a abattu un avion du régime syrien à proximité de Raqqa. Le même jour, Téhéran a lancé des missiles de moyenne portée contre le territoire syrien, une première en 30 ans.  

Le chasseur syrien abattu avait attaqué, selon le Centcom (le commandement américain qui dirige les opérations de la coalition contre le groupe État islamique -EI), des combattants anti-Daech soutenus par Washington. Les faits se sont produits non loin de Raqqa, fief syrien de l'EI que ces soldats, les Forces démocratiques syriennes (FDS), appuyés par l'aviation américaine, tentent de déloger.  

Course de vitesse entre les deux blocs

L'armée syrienne a déclaré que l'avion abattu, "menait une mission contre le groupe terroriste Etat islamique", ce que dément la coalition selon qui le village de Ja'Din visé par les Syriens est aux mains des FDS et non de l'EI.  

De son côté, la Russie a réagi ce lundi par un avertissement: tous les avions de la coalition volant à l'ouest de l'Euphrate seront désormais "considérés comme des cibles" par la défense anti-aérienne et l'aviation russes. Moscou accuse Washington de n'avoir pas "prévenu" l'armée russe qu'elle allait abattre l'avion de son allié syrien. 

Pourtant, hormis les frappes américaines menées contre une base syrienne après l'attaque chimique de Khan Cheikhoun, en avril, les Etats-Unis s'étaient contentés jusque-là de menacer le régime syrien. Mais la course de vitesse engagée entre les deux blocs et l'évolution rapide du champ de bataille syrien explique cette escalade.  

Damas se sent en position de force

Les FDS, milices sous tutelle kurde, ont largement étendu le territoire sous leur contrôle dans le nord-est de la Syrie, au cours de l'année écoulée. Alors qu'une sorte de pacte de non-agression existait depuis le début de la guerre entre le régime de Bachar el-Assad, très affaibli, et les Kurdes, les frictions augmentent depuis que Damas a repris du poil de la bête grâce au soutien russo-iranien.  

Après avoir repris Alep et consolidé ses positions dans l'ouest du pays, il s'est lancé dans la reconquête de l'Est. Si l'armée syrienne semble avoir été prise de vitesse pour la reconquête de Raqqa par les FDS et la coalition occidentale, elle prépare une autre offensive, celle de la région pétrolière de Deir Ezzor, au sud de Raqqa, toujours aux mains de l'EI. Progressant rapidement, elle est arrivée ces derniers jours à Resafa, à une quarantaine de km au sud-ouest de Raqqa. C'est sur une de ces zones de contact entre régime et FDS que s'est produit l'incident...