Côte d’Ivoire: le chef du protocole de Soro écrit une lettre ouverte à Ouattara

  • 12/10/2017
  • Source : RFI
Le torchon continue de se consumer entre les partisans de Guillaume Soro et ceux d'Alassane Ouattara. Le chef du protocole du président de l'Assemblée nationale ivoirienne écroué en début de semaine dans une affaire sensible de découverte d'une cache d'armes pendant une mutinerie de soldats, accuse aujourd'hui dans une lettre ouverte le président Alassane Ouattara de viser « son patron », Guillaume Soro, à travers lui. Mais pour le gouvernement il n'y a aucun règlement de compte, « juste la justice qui fait son travail ».

« Je suis en prison à cause de ces armes qui ont mis Alassane Ouattara au pouvoir ». Dans sa lettre ouverte à destination du président ivoirien, le chef du protocole de Guillaume Soro affirme qu'à travers lui c'est le président de l'Assemblée nationale  qui est visé.

Souleymane Karamaté Koné alias « Soul to Soul », écroué depuis lundi 9 octobre pour complot contre l'Etat et détention d'armes, se voit reprocher d'avoir abrité dans une de ses villas de Bouaké, la bagatelle de six tonnes d'armes de guerre, alors que depuis le processus ADDR de désarmement et de réintégration, toutes les armes ayant circulé pendant la crise doivent être impérativement remises aux forces de l'ordre.

Des armes, en l'occurrence, qui, en mai dernier, ont servi à équiper les mutins de Bouaké qui ont fait rebrousser chemin à l'armée régulière. Or pour l'entourage de Guillaume Soro et selon certains éléments de l'audition devant le juge d'instruction, si des armes ont été stockées à Bouaké et dans d'autres endroits du pays c'est pour permettre en toute connaissance de cause à Alassane Ouattara de chasser Laurent Gbagbo qui se maintenait au pouvoir après le second tour de la présidentielle de 2010.

Rétrospectivement, Soul to Soul avoue qu’il aurait dû refuser d'abriter cet arsenal pour les « Forces nouvelles ». Un constat tardif sans que l'on sache si le chef de protocole du président de l’Assemblée nationale est plein d'aigreur ou de regrets à l'encontre de celui que lui, Soro et beaucoup d'autres partisans ont soutenu au plus fort de la crise poste électorale.

Le gouvernement jure lui que l’affaire de la cache de Bouaké relève seulement de la justice et que le reste n’est que considération politique. « Il n’y a pas de guerre ouverte. Il n’y a d’ailleurs aucune raison qu’il y en ait. Le président de l’Assemblée nationale est encore membre du RDR, du parti au pouvoir, il n’y a pas de raisons de dissension entre lui-même et le président de la République. En tout cas, s’il y a problème, ce dernier ne viendra pas du président de la République », a affirmé Bruno Koné porte-parole du gouvernement.