Centrafrique: le président dénonce des projets de mutinerie

  • 24/02/2017
  • Source : AFP
Le président de la Centrafrique, Faustin-Archange Touadéra, a dénoncé jeudi des projets de mutinerie de la part de militaires qui redoutent leur non-réintégration dans la nouvelle armée centrafricaine, appelant les fomenteurs à "revenir à la raison".

"Nous sommes au courant de tout ce qui se prépare dans les quartiers de Bangui, pour qu'il y ait une mutinerie au sein de l'armée", a prévenu le chef de l'Etat dans un entretien à la télévision nationale en sango, langue co-officielle du pays avec le français.

"Je pense qu'il est encore temps, pour que ceux qui sont derrière cette mutinerie en préparation reviennent à la raison", a lancé M. Touadéra.

"Nous n'avons pas d'armée pour défendre la population qui souffre", a souligné le chef de l'Etat, "alors pourquoi une mutinerie, au moment où nous nous battons pour que, de concert avec les partenaires bilatéraux et la communauté internationale, nous puissions réorganiser notre armée?".

Une mission de l'Union européenne (EUTM-RCA) est chargée de la reconstruction et de la formation des Forces armées centrafricaines (FACA), victimes, comme l'autorité de l'Etat, du conflit qui a ravagé le pays depuis 2013.

Craignant de ne pas être intégrés dans cette armée nationale restructurée, plusieurs centaines de militaires centrafricains, considérés comme ayant appartenu à l'ex-rébellion de la Séléka ou aux milices anti-Balaka, les deux protagonistes du conflit, menacent de se mutiner.

Le conflit a éclaté avec le renversement en 2013 de l'ex-président François Bozizé par la coaliation Séléka prétendant défendre la minorité musulmane, entraînant la contre-offensive des anti-Balakas principalement chrétiens.

M. Touadéra a été élu il y a un an, en février 2016, lors d'une présidentielle devant tourner la page de trois ans de violences ayant déchiré le pays.

Le président a rappelé jeudi le soutien international dont bénéficie son pays, évoquant une récente visite de la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde et la prochaine visite du vice-président de la Banque mondiale.

La Mission des Nations unies pour la Centrafrique (Minusca) compte 12.000 hommes dans ce pays. Par ailleurs, une conférence des donateurs à Bruxelles en novembre a promis plus de deux milliards d'euros pour le relèvement de la Centrafrique.

L'histoire post-coloniale de la Centrafrique, mouvementée, a été jalonnée de coups d'État, rébellions et mutineries.