Barrage de Soubré : la Côte d'Ivoire se renforce dans l'énergie renouvelable

  • 07/11/2017
  • Source : lepoint.fr
Inauguré par le président Ouattara et financé par la Chine, ce gigantesque ouvrage hydroélectrique du sud-ouest de la Côte d'Ivoire doit produire 275 MW/an. "Notre pays s'est engagé en 2015 dans le cadre des accords de Paris sur le climat (la COP 21) à réduire à l'horizon de 2030 ses émissions de gaz à effet de serre de 28 % pour l'ensemble des secteurs confondus", a déclaré le président Ouattara lors de la cérémonie d'inauguration début novembre. Autant que l'indépendance énergétique, le barrage de Soubré marque donc la volonté du gouvernement de s'inscrire dans une dynamique d'énergie renouvelable.

Disposant de quatre turbines dont la première a été mise en service en juin 2017, le barrage de Soubré, long de quatre kilomètres, devrait être d'un apport appréciable aux 2000 MW actuellement produits dans le réseau, comme le dit Amidou Traoré, directeur général de la société des énergies de Côte d'Ivoire (CI-Énergie).
Emblématique de la coopération sino-ivoirienne

Salué par le président Ouattara comme un outil supplémentaire pour "la compétitivité des entreprises", le barrage de Soubré, qui a coûté 331 milliards de francs CFA (500 millions d'euros), a été financé par la Chine à hauteur de 85 . Ce qui a fait dire au représentant de l'ambassadeur de Chine à Abidjan, Wang Yu, que "le projet de barrage de Soubré est l'un des plus emblématiques de la coopération sino-ivoirienne". "Soubré est l'aménagement hydroélectrique le plus puissant de Côte d'Ivoire, selon Amidou Traoré. "Cet ouvrage augmentera la part du renouvelable de 45 % et 200 hectares de terres ont été préservés pour la conservation de la faune et de la flore."
 

La volonté d'indépendance énergétique affichée

Avant Soubré, la fourniture d'électricité de la Côte d'Ivoire était assurée à hauteur de 75 % par l'énergie thermique, le reste revenant aux barrages hydroélectriques. Première puissance économique d'Afrique de l'Ouest francophone, la Côte d'Ivoire s'est engagée dans la reconstruction de son réseau électrique depuis la fin de la crise post-électorale meurtrière de 2010-2011. Les autorités projettent d'investir près de 16 milliards d'euros dans le secteur d'ici 2030, financés en grande partie par le privé. Abidjan ambitionne de doubler sa production actuelle (2 000 MW) d'ici 2020.

Des couacs dans le réseau

Cela dit, un bon bout de chemin reste à faire. Une coupure générale d'électricité est venue gâcher la fête de l'énergie à laquele conviait l'inauguration du barrage de Soubré. Elle a privé de courant tout le territoire ivoirien vendredi dernier, au lendemain justement de l'inauguration. Ce vendredi 3 novembre 2017 à 14 h 08, une interruption de la fourniture d'électricité est survenue sur l'ensemble du territoire national", a déclaré Dominique Kakou, directeur général de la Compagnie ivoirienne d'électricité (CIE) sur la télévision nationale. "Cette perturbation a été causée par le déclenchement du système de l'automate central de Fox Trot, principal fournisseur de gaz des centrales thermiques des producteurs indépendants d'électricité. La perte totale des capacités de production des systèmes électriques en service à ce moment-là a engendré cette perturbation dans la fourniture d'électricité", a-t-il expliqué selon l'AFP.

"Les premiers clients ont été repris à partir de 14 h 33 et toute la ville d'Abidjan est entièrement rétablie depuis 17 h 38 minutes. Les dernières villes de l'intérieur ont été réalimentées après le redémarrage des derniers groupes thermiques", a-t-il poursuivi, assurant que "la situation est devenue normale sur l'ensemble du territoire national". Selon M. Kakou, la CIE et les autorités vont prendre des mesures pour renforcer "la sécurité de la fourniture en gaz afin de garantir la continuité du service public d'électricité"