A. Ouattara: «Nous avons commencé à rapatrier les Ivoiriens de la Libye dès 2015»

  • 04/12/2017
  • Source : RFI
Au lendemain du 5ème sommet UA-UE à Abidjan, l'invité d'Afrique Matin est son hôte le président ivoirien Alassane Ouattara. Son pays, la Côte d’Ivoire, est particulièrement concerné par les questions migratoires qui furent au centre des débats du sommet et qui ont abouti à la création d'une «Task Force» pour venir au secours des migrants victimes de réseaux esclavagistes en Libye. Alassane Ouattara répond aux questions de notre correspondant permanent en Côte d'Ivoire.

Rfi : Monsieur le président, on arrive à la conclusion de ce sommet Union africaine-Union européenne avec beaucoup d’annonces et une annonce phare, en relation à cette question de la migration: la création d’une force d’intervention. Ça, c’est la solution immédiate et d’urgence. Mais comment résoudre le problème à sa racine ?

Alassane Ouattara : La question de la migration a été introduite en plus, à cause de la situation en Libye. Des solutions ont été proposées. Mais ce que j’aimerais dire de manière plus précise, c’est que la Côte d’Ivoire a commencé à faire ce qui a été demandé. Nous avons, depuis 2015, rapatrié près de 1 000 Ivoiriens, ces trois dernières semaines. Avant même que le film de CNN ne passe, nous avions pris la décision de faire rentrer 550 Ivoiriens de Libye. Au total, d’ici le mois de mars, nous aurons fait rentrer 1500 Ivoiriens sur les 4 000 qui sont en Libye. Et les autres, nous sommes prêts à les faire rentrer quand ils le voudront. Nous condamnons ce qui se passe. Je l’ai dit, c’est choquant. C’est inacceptable, c’est ignoble. Maintenant, nous devons prendre nos responsabilités, aussi bien au niveau des Etats que des institutions.

Au-delà de la Côte d’Ivoire, tous les pays africains, pour la plupart, ont des croissances économiques importantes. Et malgré cette prospérité, les Africains en général continuent à aller chercher ailleurs du bien-être et de la richesse. Est-ce qu’il y a un problème de redistribution de cette richesse de la croissance économique ?

Chaque pays a sa particularité. En Côte d’Ivoire nous essayons, non seulement que la croissance soit inclusive, nous investissons dans l’éducation, dans la santé, nous améliorons les conditions de vie des paysans, nous investissons dans les infrastructures… Alors, je suis préoccupé par ce qui se passe en Côte d’Ivoire et surtout par rapport aux Ivoiriens. Sur cela, nous avons commencé à donner le maximum d’informations à nos jeunes. Egalement, essayé de traquer les passeurs et de les mettre en prison, parce qu’il y a des gens qui en font un commerce. Ceci est inacceptable. Quant aux raisons, elles sont diverses. Et la migration normale n’est pas quelque chose d’interdit. C’est d’ailleurs une très bonne chose pour le monde en général. Et la Côte d’Ivoire est en l’exemple.

L’Union européenne bloque les migrants en Libye ?

Oui, mais vous savez, ce que l’Union européenne fait concerne l’Union européenne.

Et là vous avez pu en discuter avec eux, vous étiez au sommet ?

Nous en avons discuté. Je crois qu’ils ont compris. Ils ont un problème d’opinions nationales. Vous savez, nous avons une crise ici à dix-quinze ans à cause de la faiblesse de la croissance économique et de l’exploitation politique [du fait] qu’il y avait des étrangers ici et là. Donc ça arrive dans tous les pays. Mais la maltraitance n'est pas acceptable.

Monsieur le président, l’un des autres sujets qui étaient abordés à ce sommet, en bilatéral notamment, c’était la question de sécurité. Vous avez rencontré le président Macron. Il a aussi été question de la création d’une école pour former les Forces spéciales. Cette école serait créée d’ici la rentrée de 2018 ?

On espère le milieu de l’année prochaine. Vous savez, la lutte contre le terrorisme demande des Forces spéciales. Et la Côte d’Ivoire a été choisie pour accueillir cette école, qui sera une école d’excellence pour la formation des Forces spéciales, pas seulement de Côte d’Ivoire, mais également des pays de la sous-région. Je considère que c’est nécessaire, parce que ces attaques terroristes deviennent traumatisantes pour nos populations. Et je remercie le président Macron d’avoir choisi la Côte d’Ivoire pour implanter cette unité de formation...