3,77 milliards d'années : nouveau record pour la vie sur Terre

  • 03/03/2017
  • Source : sciencesetavenir.fr
La découverte de microfossiles au Québec fait remonter les premières traces de vie sur Terre à au moins 3,77 milliards d'années et celle-ci est sans doute même plus précoce.

De minuscules filaments et tubes formés par des bactéries qui vivaient sur du fer ont été découverts, encapsulés dans des couches de quartz de la ceinture de Nuvvuagittuq (NSB) au Québec. Cette zone est connue pour abriter quelques unes des plus vieilles roches sédimentaires terrestres, la plus âgée datant d'environ 4,3 milliards d'années. Et les traces bactériennes identifiées auraient au moins 3,77 milliards d'années, révèlent les scientifiques de l'University Collège de Londres dans la revue Nature. Si la découverte est confirmée, ces fossiles constitueraient les plus anciennes traces de vie sur Terre formées quelques millions d'années avant celles du massif d'Isua, dans le sud-ouest du Groenland (3,7 milliards d'années) et les stromatolites australiennes (3,5 milliards d'années).

Le rôle des cheminées hydrothermales

Les roches de la NSB faisaient vraisemblablement partie d'un système de cheminées hydrothermales posées sur les fonds marins et crachant une eau riche en sédiments et en minéraux, notamment du fer. Les structures identifiées ressemblent à des tubules et à des filaments et sont composées d'hématite (une sorte de rouille). Toute la question est de confirmer que leur origine est bien biologique car de nombreux débats agitent encore la communauté scientifique à ce propos, certains spécialistes remettant en cause la nature organique des structures présentes dans les stromatolites.

Les chercheurs de l'UCL ont donc cherché quelles autres contraintes minérales auraient pu former ces tubules. Leurs résultats plaident bien pour une origine biologique. D'autant qu'ils ont retrouvé les mêmes filaments dans des roches norvégiennes datées de 480 millions d'années et dont la nature organique ne pose pas question. Là aussi ces roches baignaient à l'époque dans l'eau, à proximité d'évents hydrothermiques. Comme le rappelait Frances Westall, directrice du groupe exobiologie du Centre de biologie Moléculaire d’Orléans à Sciences et Avenir en 2015 : "Le consensus actuel veut que la vie soit apparue, sur Terre, autour des cheminées hydrothermales" et la découverte de ces artéfacts bactériens vieux de 3,77 milliards d'années conforte cette assertion. 


Filaments d'hématite datant de 480 millions d'années. Crédit : M.Dodd.